Intervention de Annick Billon

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 28 juin 2018 à 10h00
Réunion ouverte à la presse conjointe avec les délégations aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes de l'assemblée nationale et du sénat sur les femmes et les sciences en présence de femmes scientifiques

Photo de Annick BillonAnnick Billon, présidente de la Délégation aux droits des femmes du Sénat :

Monsieur le président, cher Pierre Cabaré, Monsieur le président, cher Gérard Longuet, Monsieur le premier vice-président, cher Cédric Villani, Mesdames et Messieurs les députés, Mesdames les scientifiques, chers collègues.

La délégation aux droits des femmes du Sénat ne peut que se réjouir de la rencontre commune qui nous réunit aujourd'hui sur la thématique de la place des femmes dans les sciences.

Nous sommes toujours heureux d'avoir des occasions de travailler conjointement, avec des structures du Sénat ou de l'Assemblée, sur des sujets d'intérêt commun qui doivent pouvoir nous rassembler quelles que soient nos tendances politiques. Par exemple, nous avons eu le plaisir d'entendre la semaine dernière Marie-Pierre Rixain et Erwan Balanant sur le projet de loi renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes défendu par Madame Marlène Schiappa, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes.

Le sujet qui nous occupe aujourd'hui est au coeur des préoccupations de notre délégation et fait écho à plusieurs de ses précédents travaux. Je pense tout particulièrement à des rapports sur les stéréotypes sexistes, d'abord dans les manuels scolaires (en juin 2014), puis dans les jouets (en 2014), et à un rapport sur les femmes et le secteur automobile, lorsque Chantal Jouanno présidait cette délégation. Ce rapport, qui a été publié en septembre 2016, a notamment mis l'accent sur l'importance de mieux faire connaître aux jeunes femmes les opportunités offertes par les carrières dans les sciences et la technologie.

Les constats et recommandations alors formulées par notre délégation sur le poids des stéréotypes sexistes rejoignent tout à fait les conclusions de Céline Calvez et Stéphane Viry dans leur rapport « Femmes et Sciences : l'urgence d'action pour une égalité réelle ».

Malgré notre implication, on ne peut dire que nos recommandations aient été suivies d'effets. Nous espérons que, si nous conjuguons nos efforts à ceux de l'Assemblée nationale, la situation pourra s'améliorer, car les stéréotypes sexistes sont bel et bien présents de façon insidieuse dans notre société.

On observe, par exemple, que l'« invisibilisation » des femmes est à l'oeuvre dans les manuels scientifiques. Nous constations ainsi il y a quatre ans que Marie Curie n'y était pas citée pour ses propres travaux, mais toujours associée à ceux de son mari, et que la « courbe d'Agnesi » était évoquée sans que la savante qui lui a donné son nom soit présentée aux élèves, ce qui ne semble pas être le cas pour les découvertes des hommes.

Nous notions également la disparition pure et simple de certaines femmes : Ada Lovelace par exemple, précurseur de la programmation informatique, et dont le prénom fut donné à l'un des tout premiers langages de programmation, n'est pas mentionnée dans les manuels.

On observe d'ailleurs que les femmes ont été plus nombreuses que les hommes dans l'informatique jusqu'à ce que ce secteur devienne attractif en termes de rémunération. D'après le rapport de nos collègues députés, les choses ne semblent pas avoir beaucoup changé. Nous sommes donc impatients d'entendre nos éminentes invitées, que je salue, réagir sur ce point.

L'enjeu d'une plus grande mixité des carrières scientifiques et d'une présence plus marquée des femmes dans ces secteurs est d'autant plus grand que, comme le relèvent Céline Calvez et Stéphane Viry, « malgré une meilleure réussite scolaire en moyenne que les garçons, leurs choix d'orientation les cantonnent dans certaines filières, et corrélativement, dans certains secteurs de l'économie, souvent les moins porteurs en termes de rémunération et de carrière ». Nous savons également que les secteurs scientifiques, et notamment les mathématiques et l'informatique, avec l'intelligence artificielle, sont des secteurs d'avenir. Il est donc impératif d'attirer des jeunes filles vers ces métiers.

Je remercie donc chaleureusement nos collègues députés pour leur invitation et leur engagement en faveur de l'égalité femmes-hommes et me réjouis de participer à ces échanges ce matin sur un sujet essentiel.

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