J'ai vraiment quelques scrupules à m'exprimer à cet instant car, sortant d'une rencontre à Matignon, je n'ai pu entendre l'ensemble des interventions, ce que je regrette parce que le « plateau » des scientifiques invitées ce matin est d'une éminente qualité.
Longtemps, j'ai cru que les femmes étaient des hommes comme les autres. Je dois reconnaître que chaque expérience personnelle vous marque. Il se trouve que j'ai été élevé par ma mère, j'ai été challengé intellectuellement par ma soeur ainée, je suis marié depuis cinquante ans avec une femme, ce qui reste majoritaire, et j'ai quatre filles. En tout cas, je vis dans un univers féminin. Il a fallu que je sois parachuté dans le département de la Meuse, dont je suis l'élu depuis quarante ans, pour découvrir que la condition féminine n'était pas nécessairement celle que je croyais.
Concernant ce thème des femmes dans la recherche scientifique, j'écouterai Cédric Villani et des gens plus compétents que moi parce que vous avez tout à fait raison d'avoir une approche sociologique de la condition de la femme, qui varie selon les milieux, selon les activités ou encore selon les régions.
Dimanche, les cendres de Mme Simone Veil seront transportées au Panthéon avec celles de son mari, ce qui est très touchant. Simone Veil n'aurait sans doute pas été Simone Veil, femme politique, sans Antoine Veil. Ceci est une autre histoire mais je veux dire par là que les hommes politiques ont voté des lois. Au Sénat, ce que l'Assemblée ignore parfois, 70 % des sénateurs sont élus à la proportionnelle et la moitié des sénateurs élus à la proportionnelle sont nécessairement de l'autre sexe que la tête de liste. L'obligation de la parité et de l'alternance est absolue. Cela ne règle rien sur le fond parce que nous sommes les héritiers et les prisonniers de comportements et d'archétypes d'une complexité telle que je n'aurais absolument pas l'ambition de la trancher à cet instant. Pour vous avoir entendu, je crois que c'est une bataille de tous les instants, une bataille qui ne doit pour autant jamais devenir une guerre, pour éviter les blocages, les tensions inutiles et les règlements de comptes sournois.
Ma femme est présidente d'une association de femmes administrateurs de société. J'ai découvert que, dans les conseils d'administration, la présence féminine a considérablement évolué depuis dix ans et évoluera certainement encore dans les dix prochaines années. En dehors des secteurs scientifiques et technologiques, que je connais mal et où il y a ici des personnes beaucoup plus compétentes que moi, je suis d'un optimisme assez confiant sur le partage des responsabilités : les comportements, les attentes, les conditions, les contraintes diffèrent sensiblement, ce qui n'empêche pas que la coexistence pacifique des deux sexes soit une source de force pour les sociétés et les sociétés qui méconnaissent l'utilité de l'autre sexe sont en général des sociétés perdantes.