Je parlerai de la question du recrutement à l'École normale supérieure et de la suggestion du retour à l'École normale supérieure de jeunes filles.
Il est indéniable que, pour ce qui concerne la recherche en mathématiques en France, la fusion des deux écoles normales supérieures a eu un impact désastreux sur la représentation des femmes en mathématiques dans notre pays. C'est l'événement qui a été le plus marquant sur les dernières décennies me semble-t-il, pour notre sujet de ce matin dans mon domaine scientifique. Pour autant, je ne pense pas que ce soit une solution acceptable pour la société que de recréer une École normale supérieure de jeunes filles. Cela laisserait de côté la question importante du vivre-ensemble pour les jeunes hommes et les jeunes femmes, avec l'impression d'une régression sociale, cela signerait un constat d'échec sur le fait que nous sommes incapables d'organiser un recrutement au bon niveau de mixité et ce serait bien triste pour les deux nouvelles écoles normales supérieures qui naîtraient de cette scission.
L'une des raisons importantes pour lesquelles nous travaillons sur la mixité aussi bien dans les entreprises que dans les laboratoires, c'est que, quand il y a de la mixité, on travaille mieux, l'ambiance est meilleure et il y a plus d'efficacité, comme le disait notre collègue tout à l'heure. Donc je ne crois pas en une nouvelle École normale supérieure de jeunes filles ; en revanche peut-être y a-t-il place pour des incitations spécifiques, à manier avec précaution. Le recrutement à l'École normale supérieure est une petite fraction, mais hautement symbolique, et il est important de bien travailler là-dessus.
Sur la question du « plafond de verre » pour les femmes dans la direction des laboratoires de recherche, il m'est arrivé à plusieurs reprises dans ma carrière de scientifique d'avoir des directeurs de laboratoires qui étaient des femmes et qui excellaient à ce poste. Je n'ai pas connaissance des statistiques globales mais certaines de nos invitées seront sans doute plus expertes que moi en la matière.