Merci à toutes.
Je souhaite tout d'abord formuler quelques remarques. L'adoption de cette loi en 2016 a couronné un parcours de longue haleine mené par le Gouvernement, et plus particulièrement par Laurence Rossignol et Pascale Boistard. À titre personnel, je suis fière d'avoir contribué à faire voter cette loi, qui marque une nette rupture avec la culture du patriarcat selon laquelle la prostitution est le plus vieux métier du monde. Toutefois, deux ans après ce vote, nous devons admettre que les changements ne sont pas encore passés dans les mentalités de notre pays. Certaines associations le démontrent à travers des propos parfois violents qui visent à prouver que la loi met les prostituées en danger au lieu de les protéger et qu'elle contribue à faire en sorte que ces personnes se dissimulent. J'estime par conséquent qu'il importe de mieux faire connaître la situation des personnes prostituées.
En outre, il nous incombe de réfléchir au rôle que peut jouer notre délégation. De quelle manière pouvons-nous contribuer à mettre en lumière les témoignages que vous avez partagés avec nous ce matin ? Quelles autres initiatives sembleraient pertinentes afin d'améliorer la compréhension de la loi ?
Un combat fort a eu lieu dans l'hémicycle lors du vote de la loi en 2016. Toutefois, j'aimerais souligner un phénomène intéressant. Au moment du vote du budget 2018, la mobilisation a dépassé les clivages politiques afin que les crédits pour la mise en place de cette loi ne soient pas retirés. Cet acquis constitue un point d'appui pour vos différentes structures.
Le système prostitutionnel s'inscrit en réalité dans un continuum de violences au sein duquel les femmes restent considérées comme des êtres mineurs. Il convient de mentionner à ce propos le besoin d'une éducation à l'égalité entre les femmes et les hommes dès le plus jeune âge. En effet, les mentalités restent pour l'heure imprégnées d'un esprit patriarcal.
Par ailleurs, lorsqu'il s'agit de travailler contre les violences faites aux femmes ou d'engager des mesures portant sur l'égalité, le système repose en grande partie sur du bénévolat. Au niveau de la délégation, nous pourrions recueillir les chiffres émanant des associations et dénoncer l'absence de structures publiques pour accompagner les personnes victimes de la prostitution et pour mettre en oeuvre les politiques publiques sur l'égalité.
Il me vient une question. Vous avez mentionné plus tôt des difficultés d'interprétation du texte de loi. Vous avez notamment évoqué cinq refus opposés à des demandes de parcours de sortie de la prostitution. Par conséquent, je m'interroge sur les recours existants. Existerait-il par exemple des précédents que nous pourrions utiliser à cet égard ?
Je me demande enfin de quelle manière nous pourrions intervenir plus efficacement en tant que sénatrices et sénateurs. Je pense par exemple aux liens qui existent entre les associations et les préfectures. À la suite de cette audition, je vais demander à rencontrer le préfet de mon département afin d'échanger sur cette question particulière. Nous pouvons leur montrer que nous serons vigilants sur l'application de cette loi.