Je souhaite remercier notre présidente pour l'organisation de cette table ronde. Pour ma part, je rejoins les différents propos qui ont été formulés. En effet, il nous a fallu du temps, presque trois années, pour adopter la loi. Nous avons dû faire preuve d'une forte conviction et d'un effort de mobilisation. Aujourd'hui, nous marquons le deuxième anniversaire de son adoption. Si une année supplémentaire s'avère nécessaire pour la mettre concrètement en application, les partenaires associatifs risquent de s'essouffler. Nous nous engageons toutefois à rester mobilisés. En effet, nous sommes convaincus de la nécessité d'apporter des réponses sur un tel sujet.
Une fois qu'une loi est votée, la phase réglementaire arrive. Elle prend parfois beaucoup plus de temps que l'adoption même de la loi. Il arrive en outre que les textes réglementaires ne soient pas publiés. Nous, parlementaires, ne maîtrisons malheureusement pas cet aspect. En conséquence, il me paraît important de réaliser ce point d'étape. Nous avons lu aujourd'hui dans la presse des articles sur l'inefficacité de cette loi. Nos concitoyens reçoivent une information partielle sur le sujet. Ils se demandent pour quelle raison nous nous sommes tant battus contre le système prostitutionnel. Il nous incombe maintenant de continuer à communiquer et à informer les acteurs sociaux comme le grand public afin d'assurer la mise en oeuvre de cette loi.
J'aimerais également saluer le travail que réalisent des associations comme Agora Justice et le CIDFF, qui sont très impliquées auprès des procureurs dans la lutte contre les violences faites aux femmes, dont la prostitution fait partie. En outre, dans mon département, les forces de police et de gendarmerie sont fortement investies sur ce sujet.
Il est vrai que le sujet des migrations est venu compliquer la situation pour les personnes en situation de prostitution. De nombreuses femmes migrantes se retrouvent victimes de proxénétisme durant leur parcours de migration. Elles constituent un vivier de victimes potentielles de la prostitution et vivent dans des conditions absolument atroces. Nos préfets sont absorbés par les problèmes migratoires, ils reçoivent des demandes de places d'hébergement à un rythme soutenu. Par conséquent, la mise en place des commissions pour le parcours de sortie de la prostitution s'en trouve fréquemment retardée.
Nous devons néanmoins nous mobiliser sur la question des personnes verbalisées pour racolage passif. Votre témoignage à ce sujet me paraît incroyable. L'intention de la loi visait à pénaliser le client. Nous ne pouvons pas tolérer que des femmes soient encore aujourd'hui verbalisées sur le territoire. Nous avons la capacité d'agir sur ce point.
S'agissant de la volonté politique actuelle à ce sujet, je dois dire que les priorités gouvernementales sont si nombreuses qu'il est impossible de les discerner réellement. Je souhaite cependant que le projet de loi sur le harcèlement de rue n'efface pas tout le travail effectué par Najat Vallaud-Belkacem, Pascale Boistard et Laurence Rossignol. Il convient d'utiliser ce socle. Nous espérons une mobilisation commune lors des débats à venir.
Je souhaite enfin vous rassurer sur le fait que cette délégation compte aussi des hommes. Les problèmes de transports nous privent de la présence de certains de nos collègues.