Concernant le choix des technologies, je pense que la réponse a été apportée par M. Yves Bréchet en réponse à la question de M. Cédric Villani. Aujourd'hui, l'objectif doit être de mettre les éléments à disposition de la puissance publique, pour qu'elle puisse prendre des décisions le moment voulu. Cela implique notamment de prendre en considération des éléments non seulement scientifiques, techniques, mais aussi des aspects de coût, dans la perspective d'une industrialisation du procédé. Concernant, par exemple, l'option ADS, nous avons encore des marges d'incertitude entre ce que l'on connaît, ce que l'on a expérimenté en laboratoire, et le projet concret d'industrialisation. Il en va de même pour le retraitement des combustibles usés, c'est-à-dire la séparation avancée : des résultats magnifiques ont été obtenus à l'échelle de l'Europe, notamment en France, à Marcoule. Mais le passage à l'industrialisation représente une étape importante, qui reste à franchir.
Aujourd'hui, il nous faudrait une enveloppe pour la R&D oscillant entre 6 et 9 milliards d'euros à l'échelle de l'Europe, où il existe, pour les déchets nucléaires, des provisions de l'ordre de 73 milliards d'euros. Ces montants sont publics et figurent dans le programme indicatif nucléaire (PINC) de la Commission européenne. On a donc besoin de moins de 10 % de cette somme pour apporter des réponses claires aux décideurs politiques. La question est de savoir s'il faut continuer à se poser des questions métaphysiques, ou effectuer cet investissement de R&D, en vue de prendre des décisions réelles, sérieuses et chiffrées dans le domaine de l'industrialisation. La réponse donnée par la R&D ne sera pas binaire, mais va de toute façon apporter de la connaissance et de l'innovation, valorisables en fonction de l'option choisie. On sait, par ailleurs, que les plus grandes inventions se font souvent par hasard : on peut, par exemple, en recherchant comment mieux séparer les actinides mineurs, parvenir à mettre au point des techniques pour la médecine nucléaire, ou le domaine spatial. C'est là la valeur ajoutée d'un tel investissement. Il faut le concevoir ainsi.