Intervention de Dohee Hahn

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 24 mai 2018 à 9h10
Les nouvelles tendances de la recherche sur l'énergie : i — L'avenir du nucléaire - compte rendu de l'Audition publique du 24 mai 2018

Dohee Hahn, directeur de la division de l'énergie nucléaire, Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) : les activités de l'AIEA pour renforcer la coopération internationale concernant les technologies nucléaires avancées :

Je suis vraiment honoré de pouvoir vous présenter brièvement les activités de l'AIEA concernant les technologies nucléaires les plus avancées.

L'AIEA est bien connue au niveau international, et contribue grandement à la disponibilité du nucléaire pour les États membres, afin de l'utiliser de façon paisible et sûre. L'innovation dans les technologies nucléaires est essentielle pour une réponse efficace à long terme au changement climatique, et pour promouvoir la croissance économique, ainsi que le développement durable. L'AIEA se concentre sur la collaboration internationale pour des innovations techniques, que nous étudions à l'heure actuelle, et qui sont en cours d'évolution, gérées par de nombreux États membres. L'objectif est d'utiliser à long terme les centrales nucléaires, pour pouvoir réduire les émissions de gaz à effets de serre venant de l'industrie. De nouveaux réacteurs sont nécessaires pour remplacer le parc existant, et mieux utiliser le nucléaire. Des réacteurs de moyenne et petite puissance seront sans doute développés, avec un plus haut niveau de sécurité, dans les dix à vingt années à venir. Les réacteurs révolutionnaires de l'avenir pourront utiliser l'énergie nucléaire pendant très longtemps, au-delà de 2030. Les applications non électriques du nucléaire peuvent également avoir des incidences sur d'autres secteurs qui nous intéressent, notamment pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Notre agence a développé plusieurs instruments pour soutenir la coopération internationale. Ceux-ci incluent des groupes de travail techniques, des projets de recherche coordonnée, des publications techniques, et des bases de données.

Les groupes de travail techniques se concentrent sur des domaines spécifiques. Six sont actuellement en fonctionnement, notamment sur les REP, les réacteurs à neutrons rapides, les réacteurs à très haute température, les petits réacteurs modulaires, et les applications non électriques. L'AIEA apprécie la participation active de la France à ces groupes de travail pour partager, avec d'autres États membres, son expérience et son savoir concernant les technologies nucléaires avancées.

Dans le domaine des réacteurs de type RNR, un groupe de travail a joué un rôle très important depuis de nombreuses années pour partager de l'information, et promouvoir la coopération internationale. L'AIEA a organisé, en 2015 à Paris, une conférence internationale consacrée aux réacteurs à neutrons rapides, et au cycle du combustible lié. L'année dernière, la Fédération de Russie a accueilli une autre édition de cette grande conférence, qui a attiré plus de soixante-dix experts et décisionnaires représentants trente États membres.

L'AIEA soutient également des études et la R&D concernant les réacteurs à haute température, pour se concentrer sur les hauts niveaux de rendement, avec l'objectif d'obtenir une production électrique efficace du point de vue du coût.

Par ailleurs, de nombreux États membres s'intéressent de plus en plus aux petits réacteurs modulaires, ou SMR. Il en existe au moins cinquante conceptions différentes, à plusieurs stades d'évolution. Ces SMR peuvent permettre une production électrique souple, et s'intégrer avec le développement d'énergies renouvelables intermittentes. Ils peuvent notamment répondre à une utilisation partielle ou dédiée pour des applications non électriques, telles que la production de chaleur pour le secteur industriel, la production d'hydrogène, ou la désalinisation. L'AIEA soutient les États membres dans le développement, l'évaluation et le déploiement de la technologie SMR. Pour répondre à l'intérêt croissant des États membres, l'Agence a décidé de consacrer un nouveau groupe de travail à ce sujet, afin de promouvoir la technologie des réacteurs modulaires de petite taille dans les États membres. Voici quelques semaines, s'est tenue la première réunion de ce groupe technique, qui compte à l'heure actuelle des représentants de vingt-huit États membres.

L'Agence a également lancé un projet coordonné de recherche, afin de développer une base de données techniques, pour réduire les zones d'évacuation d'urgence pour ces SMR. Il s'agit d'un sujet très intéressant et important, visant à voir où localiser les SMR, à proximité, ou non, de zones peuplées. De nombreux pays s'intéressent aux SMR. Nous les soutenons, en partageant avec eux nos activités concernant le développement de capacité, l'évaluation de la technologie des réacteurs, les licences, la sécurité, et le développement d'infrastructures nécessaires à leur programme national nucléaire.

L'AIEA étudie également la possibilité d'utiliser, pour les SMR, les normes qu'elle a adoptées pour des réacteurs plus grands. Nous effectuons des vérifications, afin de savoir s'il est envisageable d'appliquer ces normes à d'autres types de conceptions, tels que les petits réacteurs modulaires.

Notre Agence fait également office, d'une certaine manière, de secrétariat technique pour le forum des régulateurs des SMR, qui réunit des régulateurs de plusieurs États membres. Ce groupe débat en ce moment de la question des licences pour les principes de conception de réacteurs modulaires de petite taille.

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