Intervention de Sophie Pelletier

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 31 mai 2018 à 9h30
Quelle prise en compte de l'hypersensibilité aux ondes électromagnétiques — Compte rendu de l'Audition publique du 31 mai 2018

Sophie Pelletier, présidente de l'association PRIARTEM Électro-sensibles de France :

Concernant la question relative aux études de provocation, nous avons examiné une abondante littérature dans ce domaine, et avons pu faire part de nos analyses à l'Anses, qui a intégré un certain nombre de nos questionnements.

Parmi les critiques méthodologiques, les plus graves formulées à l'encontre de ces études, nous avons pointé le fait que certaines d'entre elles recrutaient des sujets en excluant les personnes développant une intolérance généralisée, c'est-à-dire les personnes les plus atteintes, et tiraient au final de leurs travaux des conclusions sur l'électro-hypersensibilité. Cette méthode interroge.

La deuxième critique renvoie au fait que des dispositifs expérimentaux comparaient des expositions réelles à des expositions fictives ; or les dispositifs utilisés dans ce dernier cas émettaient eux-mêmes des ondes, de manière certes faible, mais supérieure au seuil de sensibilité des personnes EHS. Il y a donc là, indéniablement, un biais, qui ne permet pas de tirer de conclusion de ces travaux.

Les études de provocation ne constituent vraiment pas, de notre point de vue, l'alpha et l'oméga pour aborder l'électro-hypersensibilité. Il existe d'autres moyens, sans doute moins barbares, d'étudier cette question. Dans le projet que nous mettons en oeuvre avec l'équipe Inserm de Lyon, l'idée est ainsi d'employer des méthodes basées sur la culture de cellules humaines, prélevées chez les sujets électro-sensibles, et l'établissement de marqueurs en lien avec l'étude du fonctionnement de ces cellules. Nous espérons que cette démarche pourra faire avancer le sujet.

La question de la preuve est complexe. Ceci dit, nous disposons de quelques études qui nous semblent relativement robustes. Je pense notamment à l'étude de 1991 du docteur William Rea, qui montre, à partir d'un dispositif très abouti, que lorsque l'on expose les personnes aux fréquences auxquelles elles sont les plus sensibles, alors on obtient une réaction systématique. Si l'on veut vraiment reproduire des études de provocation, je pense qu'il faut arrêter de torturer des rats et d'exposer des personnes électro-sensibles, pour aller à l'essentiel.

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