Ce n'est guère envisageable. Nous sommes des gens raisonnables. Nous ne refusons pas obstinément la téléphonie mobile, mais essayons de voir comment la faire fonctionner en respectant le droit constitutionnel de chacun à « vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé ». Certaines actions peuvent être mises en place en ce sens. Il existe des moyens de bon sens. En zone rurale, on peut, par exemple, éloigner les antennes des habitations. Ce n'est pas très compliqué et permet de protéger les riverains.
Vous m'avez demandé sur quels éléments scientifiques nous nous fondions pour appeler à une réduction des normes. Je voudrais verser à la discussion des études qui montrent que des effets sont observés à faible dose. Je citerai, par exemple, une étude réalisée par l'université d'Amiens. Les premiers travaux, effectués sur des rats, ont mis en évidence le fait qu'une exposition à 1 volt par mètre conduisait à un sommeil fragmenté. Or, on sait que les riverains d'antennes, tout comme les électro-sensibles, se plaignent énormément de problèmes de sommeil. Peut-être y a-t-il là des éléments de réponse. D'autres travaux montrent une perméabilisation de la barrière hématoencéphalique. Or, on sait que des liens peuvent, par exemple, exister entre ce phénomène et la survenue de maux de tête, dont souffrent de nombreux riverains et personnes EHS. Nous appréhendons tout ceci comme des signaux, dont il faut tenir compte. Face à un risque émergent, c'est important.
Le principe de précaution a précisément été élaboré pour gérer cette période, parfois longue, entre l'apparition du problème, les premiers signaux, et les effets avérés faisant consensus. Or, on sait, depuis le problème de l'amiante, que le consensus peut mettre des dizaines d'années à se construire. Le principe de précaution a été inscrit dans notre Constitution, suite à plusieurs scandales sanitaires, qui n'ont pas pris en compte les signaux faibles. Ne reproduisons pas les mêmes erreurs, et essayons dès maintenant de voir comment mieux protéger les populations. Abaisser les normes va dans ce sens. L'ANFR a obtenu, au niveau européen, pour le calcul du DAS tronc, de passer de 15 ou 25 millimètres à 5 millimètres. Nous demandons à ce que cette donnée soit mesurée au contact. Les travaux de l'Agence viennent à l'appui de nos arguments, puisqu'ils ont permis d'effectuer tous les calculs, à 15, à 25, à 5 millimètres, et au contact. Ceci a montré qu'il existait, entre des mesures réalisées à 5 millimètres ou au contact, une différence. On pourrait donc encore améliorer la situation, afin de mieux protéger les gens.