Intervention de Pierre-Yves Collombat

Commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale — Réunion du 12 septembre 2018 à 9h30

Photo de Pierre-Yves CollombatPierre-Yves Collombat :

Cela fait beaucoup de monde !

Général Éric Bio Farina. - Je ne vous ferai pas l'affront d'enfoncer des portes ouvertes : le renseignement repose sur une pluralité de capteurs, sur une pluralité de renseignements qu'il appartient aux différents échelons de traiter et d'exploiter. On ne fait pas grand-chose avec un renseignement, on fait un peu mieux avec deux renseignements, et ainsi de suite.

Oui, les règles d'affectation au commandement militaire existent, et elles sont plus qu'objectives : elles sont normées. Le commandement militaire dispose d'une compagnie du premier régiment d'infanterie de la garde républicaine, la compagnie de sécurité de la présidence de la République, à partir de laquelle il organise la sécurité de la présidence. Au sein de cette compagnie, certaines équipes ont des missions particulières qui nécessitent une sélection, un entraînement et des compétences singulières, qui leur sont données dans un cadre parfaitement normé, soit au sein de la garde républicaine, soit en interne au sein du commandement militaire. Ces affectations se font au titre de mutations dont la durée est variable, comme l'est la durée de toute mutation dans les armées. Pour certaines fonctions nécessitant une stratification de compétences importante, la mutation peut-être plus longue qu'à l'accoutumée, car nous avons besoin de compétences rares.

Je le redis : M. Benalla s'insérait dans la zone d'interface - de coordination, comme l'a dit le chef de cabinet - entre le commandement militaire et le GSPR, dans un univers du renseignement plus vaste, dont il n'était qu'une partie.

Il n'y a jamais eu de conflits, depuis 2012 à tout le moins, entre le commandement militaire et le GSPR. Depuis mon arrivée en 2012, ce dernier a été commandé par le contrôleur général Sophie Hatt, puis par le général Lavergne. Il ne peut pas y avoir de conflit entre le GSPR et le commandement militaire, sinon nous serions dans les légions romaines de l'époque consulaire, avec un nouveau consul chaque jour... et ça se terminerait par la bataille de Cannes ! Non, il ne peut y avoir de conflits entre les deux forces qui concourent à la sécurité du Président. Il n'y a pas de place pour le conflit, les égos, les ambitions, encore moins pour les ambitieux. Il n'y a de place que pour le service suprême de la sécurité du Président de la République. Qu'il y ait parfois, en revanche, des prises de bec, des divergences d'opinion, évidemment. Et heureusement, car les échanges de points de vue contradictoires sont vertueux. Mais les conflits ne peuvent pas exister.

S'agissant de M. Crase, c'est lors d'une discussion à bâtons rompus que j'ai eue avec M. Benalla, ayant trait nécessairement à des questions de sécurité, qu'il m'a suggéré son profil, en pure opportunité.

Oui, j'ai vu Alexandre Benalla porter une arme, je ne renie pas ce que j'ai dit à l'Assemblée nationale. Ce qui me revient, c'est que je l'ai vu porter une arme de retour d'une séance de tir : il me l'avait alors montrée - physiquement, pour ainsi dire.

Oui, la fonction d'interface exercée par M. Benalla existait déjà. Alexandre Benalla s'est intégré parmi tous les capteurs dont nous disposons en amont et en aval d'une mission extérieure du Président de la République, qui sont recueillis par tous les services qui concourent à la sécurité : préfecture de police, DGSI, et d'autres. Le GSPR, évidemment, a ses chefs de mission ou ses officiers de liaison permettant de remplir cette fonction. M. Benalla semblait sanctuarisé dans ce rôle, qu'il jouait de manière plus systématique.

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