Intervention de Pierre Bühler

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 26 septembre 2018 à 9h30
Audition de M. Pierre Bühler président de l'institut français

Pierre Bühler, président de l'Institut français :

Le nombre et la qualité de vos questions témoignent de votre intérêt pour l'Institut, dont je me réjouis. La réponse à certaines d'entre elles appartient, cependant, au ministère des affaires étrangères, gestionnaire du réseau : les instituts français, établissements dotés de l'autonomie financière adossés aux ambassades et, pour ce qui concerne les alliances françaises, directeurs détachés et délégués régionaux - 300 postes dans le monde. Je ne pourrai donc vous répondre sur la fermeture de tel ou tel institut, comme celui de Naplouse : il faut adresser cette question au directeur général de la mondialisation.

Le dispositif français, monsieur Regnard, constitué de 100 instituts français sur 160 sites, reçoit une dotation au titre du programme 185 pour ses actions de diplomatie d'influence. Les arbitrages sont rendus, localement, par les chefs de poste. Aux États-Unis, que je connais bien en effet pour y avoir été conseiller culturel durant cinq ans, nous nous appuyons beaucoup sur des cofinancements privés, grâce à un véhicule nous permettant de recevoir des dons défiscalisés, outil extrêmement précieux, et que Bénédicte de Montlaur, mon lointain successeur à New York, a su mettre à profit pour multiplier les contributions. Le financement privé est essentiellement d'initiative locale. Certes, dans le cadre des saisons croisées, nous pouvons mobiliser le mécénat, car les grandes entreprises ayant des intérêts dans le pays concerné peuvent acquérir une visibilité en faisant des donations ; et de fait, chaque saison est financée par des levées de fonds privés à hauteur d'un million et demi d'euros. En revanche, dans les postes, c'est le chef de poste qui se retrousse les manches pour trouver des fonds, comme je l'ai fait, en tant qu'ambassadeur, à Singapour ou en Pologne. On n'attend pas que la manne tombe de l'Institut français ou de l'État. Lorsque l'on a un beau projet, on met la communauté d'affaires en mouvement. À Singapour, j'ai ainsi pu mobiliser deux fondations pour une saison européenne de la culture où la France figurait en bonne place.

La formation d'enseignants, madame Lepage, concerne aussi des pays non francophones. Parmi les 18 pays prioritaires inscrits au mandat de l'AFD, il est aussi des pays africains anglophones. Nous essaierons, là aussi, d'offrir nos services, en montrant qu'y compris dans les pays anglophones, l'apprentissage du français a une vertu, en termes de courants d'affaires et d'employabilité. Cela est bien dans l'esprit du Plan annoncé par le Président de la République : nous ne sommes pas dans une posture défensive à l'égard du français, mais dans une posture offensive de défense du plurilinguisme, dont le français ne peut que bénéficier.

Je suis heureux que nous ayons pu vous rassurer sur le rapprochement avec la Fondation Alliance française. Lancer une OPA, outre que nous ne serions pas en mesure de le faire, ne serait dans l'intérêt de personne.

Mme Laborde m'a interrogé sur le contrat d'objectifs et de moyens pour la période 2017-2019. Il est vrai qu'il fixe de nombreux objectifs avec des moyens qui ne sont pas toujours proportionnés... Quelles orientations pour l'avenir ? Nous allons essayer d'en donner un premier aperçu devant le conseil d'orientation stratégique, le cénacle qui réunit chaque année les deux ministres de tutelle, et où une feuille de route sera élaborée pour la dernière année du contrat. Que voyons-nous se profiler ? Je l'ai dit, des ressources budgétaires sont à saisir. Le mécénat en est une, les prestations de services pour les bailleurs de fonds que sont l'AFD et l'Union européenne en est une autre, qui monte en puissance. Nous avons remporté pour la quatrième fois l'appel d'offre sur le programme européen CinEd d'éducation à l'image, et sommes rémunérés en tant que chef de file du consortium qui conduit ce programme. Dans ce type de projets, menés pour le compte de l'Union européenne, nous sommes autorisés à sortir du plafond d'emplois.

Plusieurs appels d'offre de l'Union européenne sont aujourd'hui sur le marché. L'un porte sur l'organisation, dans le monde, de festivals de cinéma européen ; un autre sur la mobilité des professionnels de la culture - le fameux Erasmus de la culture, dont plusieurs ministres de la culture se sont fait les instigateurs, et que la Commission européenne a repris. Nous avons acquis un savoir-faire, que nous continuons à développer, dans la réponse à ces appels d'offre du programme Europe créative. Entrer dans cette logique nous ouvre des portes. On peut engager le même type de démarche avec la Banque Mondiale, par exemple, sur le terrain de l'éducation.

M. Ouzoulias a évoqué la réhabilitation et la valorisation du patrimoine. Nous avons, à l'Institut français, développé un savoir-faire en matière d'ingénierie de projet, qui peut nous permettre, si des demandes sont exprimées par l'État ou par des partenaires étrangers de la France, de montrer que nous avons de nombreuses compétences. Il est clair que nous ne pouvons financer ce type d'opérations dans notre cadre budgétaire, sous notre plafond d'emplois, mais si un financement est dégagé, nous nous munirons des outils pour exécuter ces missions.

Vous avez raison, monsieur le sénateur Leleux, de souligner qu'une somme de deux millions d'euros reste dérisoire.

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