Soyons clairs : nous sommes une entreprise territoriale par essence, par raison d'être, par organisation, et nous avons l'intention de le rester. En ce moment même, 60 000 factrices et facteurs sont en train de circuler sur la totalité des routes du territoire pour livrer des colis, du courrier et des services.
La loi postale a fixé une obligation de conserver 17 000 bureaux de poste. Nous en avons actuellement 17 232, parmi lesquels 8 000 bureaux de poste traditionnels et 7 000 agences postales communales ; le reste est constitué d'environ 1 500 commerces en zone rurale. L'évolution d'ici à cinq ans devrait conduire à moins de bureaux de poste traditionnels, un peu plus d'agences postales communales et surtout davantage de relais poste en commerces.
Le territoire se découpe en deux blocs. D'un côté - c'est l'immense majorité - les zones d'aménagement du territoire, toutes les communes de moins de 2 000 habitants, les outre-mer, les zones de montagne et les quartiers prioritaires de la ville. De l'autre, les zones urbaines hors politique de la ville. Avec l'AMF, nous avons décidé d'ajouter au premier bloc, où le maire a un droit de veto, les communes de plus de 2 000 habitants, mais dans lesquelles il n'y a plus qu'un bureau de poste.
La règle de référence est qu'il faut un bureau de poste pour 20 000 habitants. Saint-Etienne compte 170 000 habitants. Il faut donc neuf bureaux de poste. Or il y en a 18 de plein exercice, et 27 points de contact.
Bien sûr, chaque fois qu'on touche à un bureau de poste, il y a un sentiment de régression, d'abandon. Si nous sommes si attachés au modèle de la maison de service public, c'est qu'elle est une solution commune. Car La Poste ne peut pas lutter seule contre le mouvement de retrait des services publics ou même des entreprises dans les territoires ; ce n'est pas que nous manquions d'ambition, mais nous n'en avons tout simplement pas les moyens.
Les commissions départementales de présence postale territoriale fonctionnent bien dans la plupart des cas. Nous sommes très attachés au cadre actuel, et j'ai expliqué aux postières et aux postiers, ainsi qu'aux responsables régionaux, que le veto du maire était une bonne chose, parce que cela devait les conduire à négocier réellement.
Le contrat actuel se terminant fin 2019, la mutualisation de nos efforts me semble être la seule solution pour maintenir notre présence sur les territoires.
- Présidence de M. Daniel Gremillet, vice-président -
Ce qui détermine la présence d'un bureau de poste, c'est tout simplement la fréquentation. S'il n'y a plus personne, nous avons un problème d'équilibre économique. Or les habitudes de consommation ont changé. Évidemment, un chef d'entreprise n'aime pas fermer des implantations. Il aime créer des emplois, du revenu. Ce n'est jamais par plaisir que nous diminuons l'amplitude horaire. C'est la réalité économique qui s'impose à nous : si les Français sont très attachés à La Poste, ils s'y rendent de plus en plus rarement !
Sur les maisons de service au public, nous nous sommes engagés, à la suite d'un rapport parlementaire, à en créer 500, et nous en avons créé 500. On nous reproche de n'avoir pas assez formé le personnel. C'est vrai. C'est qu'il fallait démarrer ! On nous dit que nous n'avons pas assez de partenaires. Mais nous avons tout fait pour qu'ils viennent... On nous enjoint, enfin, d'accroître le temps de travail dans ces établissements. Nous y travaillons : nous sommes engagés au service des territoires, à l'écoute des critiques, à l'écoute des solutions.
Mais si la fréquentation diminue, non de 10 ou 15 %, mais de 30 ou 35 %, cela remet en cause l'équilibre économique du point de contact.
Quant à notre comptabilité des flux, je ne crois pas qu'elle puisse être taxée de malhonnête... Même les autres commerces physiques sont moins visités qu'ils ne l'étaient. La bonne réponse, c'est la mutualisation des efforts. La Poste est prête à rester, mais elle ne peut pas le faire seule. L'un des enjeux du contrat à venir sera la définition de la façon dont nous allons travailler ensemble. Nous croyons beaucoup à la négociation.
En ce qui concerne les maisons du Bel Âge, je n'ai pas de signes récents de la présidente du département, que j'ai rencontrée la semaine dernière à Marseille, d'une remise en cause de notre accord. Elles sont un bon exemple du fait que, territoire par territoire, nous cherchons avec les élus locaux la bonne formule pour rester. Ainsi, nous avons obtenu de l'AMF qu'on passe de la responsabilité du conseil municipal à la responsabilité du maire en matière de veto, afin que les adaptations soient plus sereinement maîtrisées.
En tous cas, nous ne pouvons pas faire face seuls à des mouvements sociétaux.