Monsieur Piednoir, le sujet de la hausse du niveau est évidemment très important. Vous le savez, j’ai l’habitude de résumer la réforme de l’éducation nationale que nous avons à mener en disant qu’elle vise deux objectifs, qui sont en fait les deux faces d’une même réalité : l’élévation du niveau général et la justice sociale. Nous aurons la justice sociale par l’élévation du niveau général, et l’élévation du niveau général par la justice sociale.
C’est le sens, par exemple, du dédoublement des classes de CP et de CE1. C’est le sens de la priorité donnée à l’école primaire et de notre volonté que les élèves entrant dans l’enseignement secondaire maîtrisent les savoirs fondamentaux, alors même que, aujourd’hui, vous avez raison de le dire, certains accèdent à l’enseignement supérieur sans bien maîtriser ces savoirs.
Nous avons beaucoup à reprendre dans le système scolaire pour donner aux élèves une assise plus forte le plus tôt possible. Nous abordons chaque étape avec beaucoup de rigueur. C’est le sens du test de positionnement en début d’année de seconde, qui vise à évaluer le niveau en français et en mathématiques. Ce test, auquel tous les élèves de seconde de France ont été soumis ces derniers jours, est en train d’être traité informatiquement. Il nous permettra de connaître le niveau de chaque élève et de déclencher l’aide personnalisée trois ans avant l’entrée dans l’enseignement supérieur, pour combler les éventuelles failles.
En ce qui concerne l’impact sur les classes préparatoires, je veux souligner à quel point le travail du Conseil supérieur des programmes a été conditionné par les observations des acteurs de l’enseignement supérieur, notamment les professeurs d’université et de classes préparatoires, qui nous ont signalé, par exemple en sciences ou dans les disciplines mathématiques que vous évoquez, un affaissement du niveau, probablement lié au fait que les programmes ne sont pas suffisamment approfondis.
L’une des vertus de la réforme du baccalauréat sera de permettre à chaque élève ayant choisi une spécialité de l’approfondir plus qu’auparavant. Cela signifie que tout élève qui choisit une discipline qui lui aurait été enseignée dans l’une des séries étudiera autant ou plus cette matière qu’avant la réforme. Par ailleurs, les programmes iront plus loin.
Une hausse du niveau est donc attendue, mais aussi une hausse du désir. C’est précisément parce que les élèves auront le choix entre un plus grand nombre de spécialités qu’ils en approfondiront l’étude avec plus de plaisir.