Intervention de Maryvonne Blondin

Réunion du 3 octobre 2018 à 14h30
Réforme du baccalauréat — Débat interactif

Photo de Maryvonne BlondinMaryvonne Blondin :

Monsieur le ministre, mes chers collègues, « lieu de mémoire de l’identité française », selon Pierre Nora, le baccalauréat a fait l’objet de nombreux débats. Si nous ne sommes pas opposés à une réforme de cet examen, nous ne pouvons qu’exprimer notre vive inquiétude face à l’imprécision de nombreux aspects de ce chantier, dont la mise en œuvre est lancée.

Il existe d’abord des inquiétudes relatives à l’organisation. Les chefs d’établissement n’ont aucune visibilité sur les modalités pratiques pour le moment : difficultés dans l’organisation des emplois du temps des élèves, des enseignants, des personnels administratifs, difficultés par rapport aux locaux et aux transports scolaires ; accumulation d’épreuves en première et en terminale avec le contrôle continu et les épreuves blanches. Faudra-t-il prévoir plus de journées banalisées ? Les correcteurs seront « extérieurs », mais extérieurs à quoi ? Extérieurs à la classe, à l’établissement ?

Vous annoncez la fin des filières et le déploiement de spécialités – douze au total. Certes, une carte académique élaborée par les rectorats permettra de les répartir entre les différents établissements. Sept de ces spécialités doivent être proposées partout. La liberté de choix des couplages donnée à l’élève sera très réduite dans certains secteurs ruraux et dans certaines villes, comme l’a souligné tout à l’heure la présidente de la commission de la culture.

Le réseau mis en place dans un périmètre donné entraînera des difficultés de transport, d’aménagement d’emplois du temps et de responsabilités ! Ce lycée modulaire, proche du modèle britannique, risque fort d’entraîner une spécialisation des établissements. Dès lors réapparaîtront des filières officieuses.

L’élève « entrepreneur » de son parcours choisira dès demain des spécialités : devront-elles nécessairement être en lien avec son futur parcours universitaire, le baccalauréat devenant, selon vos vœux, le premier grade universitaire ? Ces choix précoces et pas très éclairés risquent fort de se faire au détriment des élèves venant des familles les plus défavorisées !

Avec 2 600 postes en moins – administratifs et de professeurs –, comment entendez-vous mettre en œuvre efficacement ce vaste chantier ?

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