Intervention de Vivette Lopez

Réunion du 3 octobre 2018 à 14h30
Réforme du baccalauréat — Débat interactif

Photo de Vivette LopezVivette Lopez :

Monsieur le ministre, bien des choses ont été dites, mais je souhaite attirer votre attention sur la nécessaire adéquation du profil de chaque élève à la formation proposée dans notre système éducatif, et plus particulièrement au baccalauréat.

Si la réforme du baccalauréat, que nous appelions tous de nos vœux, va dans le sens d’une meilleure adaptation aux exigences de la modernité, cet examen demeure l’une des seules voies possibles pour les enseignants et les élèves, lesquels ont l’impression de manquer quelque chose en n’accédant pas aux études supérieures.

Nous connaissons tous la pression sociale qui tend à faire passer le baccalauréat au plus grand nombre d’élèves, comme si ce seul diplôme était à même de garantir la réussite dans le monde professionnel. Pourtant, cette généralisation du baccalauréat, cette fameuse politique des « 80 % de bacheliers », lui a fait perdre son statut et a eu pour conséquence majeure une dégradation de sa valeur.

Malheureusement, malgré quelques efforts entrepris, les autres voies scolaires – les filières technologiques ou professionnelles – souffrent d’une image qui va encore trop à l’encontre de l’idée d’excellence académique. Or chacun s’accorde à reconnaître que seule la volonté politique d’un bac plus sélectif serait à même de lui rendre sa vocation première et de permettre à d’autres filières de se développer et de devenir attractives aux yeux des élèves.

À cet égard, on accuse chaque année le système de correction du baccalauréat d’être partiellement responsable de la démonétisation de cet examen, les professeurs étant amenés à donner des notes acceptables à des copies qu’ils trouvent pourtant bien en deçà des exigences attendues. Il ne se passe plus désormais une année sans que l’on fasse état de dysfonctionnements graves lors des épreuves, de tricheries plus ou moins importantes ou bien de problèmes de notation des candidats. Comme le déplorait un professeur, « décidément, le bac n’est plus un examen équitable ». Ou, comme le dit si bien Michel Fize, dans son livre Le Bac inutile, « les bacheliers sont de grands bernés de la République ».

Il ne faut pas oublier que le baccalauréat est un diplôme coûteux pour la Nation, que de plus en plus d’entreprises recrutent sans curriculum vitae, mais sur des tests psychotechniques, et que dans certains pays émergents il n’y a ni notes, ni évaluation, ni diplôme ; et pourtant, à dix-huit ans, les jeunes y sont admis dans les plus hautes écoles supérieures et réussissent fort bien.

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