Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, comme vient de le souligner mon collègue, c’est effectivement à la suite du rapprochement entre Alstom et Siemens que nous avons demandé la création de cette mission d’information. Pourquoi ? Parce que nous avons pensé que l’accord passé avec Siemens était totalement déséquilibré.
En effet, la majorité au conseil d’administration a été donnée à Siemens, ce qui fait passer sous drapeau allemand un groupe qui a réalisé 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017 et qui – tenez-vous bien, mes chers collègues ! – a remporté les marchés des métros de Montréal, Riyad, Shanghai, Bombay, Lyon, Bordeaux et Francfort, celui des trains en Italie et celui du TGV de nouvelle génération. Pendant cinq ans, la commande publique française assurera quasiment la pérennité d’Alstom ! Or, pour zéro euro, nous avons donné la majorité au groupe Siemens.
Le président de la mission d’information vient de le dire, nous étions favorables à un accord avec Siemens, mais à égalité, comme dans le cas d’Airbus : deux États, deux groupes et l’égalité entre eux. Pourquoi avoir fait passer un groupe comme Alstom sous la maîtrise allemande ? D’autant que, à bien regarder l’histoire récente, nous avons laissé partir de nombreux groupes français, passés sous bannière étrangère, vendus, comme on dit, à la découpe. Or nous avons besoin d’une économie forte. Nos joyaux industriels doivent rester sur le territoire français.
La mission a bien sûr abordé le problème Alstom, mais aussi – c’est un point important – l’occasion extraordinaire qu’offre l’industrie du futur pour réindustrialiser la France, en permettant à nos territoires et à nos entreprises de rapatrier des productions. L’idée essentielle, c’est que nous avons cinq ans pour faire en sorte que l’industrie du futur prenne vraiment pied en France, car nous craignons que, après, il ne soit trop tard.
C’est une question de culture : quels que soient les gouvernements, la question industrielle est systématiquement sous-estimée, comme elle l’a été pour Alstom. Il faut que la France croie de nouveau en son industrie, pour ne pas aller vers le modèle décrit par Michel Houellebecq d’une France vidée de ses usines et ses ouvriers, d’un pays touristique où ne subsisteraient que des stations de ski et des hôtels de charme. La forte désindustrialisation que nous connaissons n’est pas une fatalité. Les propositions que nous présentons nous offrent la possibilité d’avoir un débat avec le Gouvernement, pour essayer de redresser la barre.
Madame la secrétaire d’État, c’est ce renouveau industriel que nous appelons de nos vœux, avec des propositions concrètes tant sur le financement que sur les politiques de suramortissement qui avaient été votées dans cette assemblée, à l’unanimité, l’année dernière, pour donner à nos PME-PMI la possibilité d’investir dans l’industrie du futur.
Il faut favoriser le territoire français : si l’Allemagne pense avant tout à elle-même – elle est bien sûr européenne, mais elle aime être forte de son industrie –, tout comme l’Italie, nous avons, pour notre part, une tendance à envisager systématiquement le développement, notamment de nos entreprises, à l’étranger.
Avec le crédit d’impôt recherche, les centres de décision restent en France, mais il doit en aller de même des unités de production. C’est ainsi que nous ferons baisser le chômage et que nous aurons la possibilité d’avoir des emplois dans la ruralité et dans les centres urbains.
Telles sont nos propositions, qui passent d’abord par un rééquilibrage d’Alstom, lequel représente douze sites en France, 8 500 employés, 27 000 emplois et 4 500 sous-traitants.