Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, dans ses préconisations, la mission d’information de notre Haute Assemblée appelle l’État à renouveler sa stratégie industrielle. Mais si nous considérons que la dynamisation de l’outil actionnarial peut être un levier possible pour servir cette nouvelle stratégie d’État, nous pensons que ce que vous vous apprêtez à faire, madame la secrétaire d’État, avec la vente d’Aéroports de Paris, d’Engie et de la Française des jeux, est un mauvais choix, dont la performance sera médiocre pour financer le soutien de l’innovation de rupture qui fera l’économie de demain.
Contrairement à ce qui a été dit au départ, et que vous avez répété à l’instant, madame la secrétaire d’État, ce ne sont pas 10 milliards d’euros qui vont être affectés à ce soutien, mais le produit des dividendes engendrés par le placement des actions que vous allez vendre.
Comment justifiez-vous que les placements de ces 10 milliards d’euros produiront un rendement de 250 millions d’euros au mieux, alors que, aujourd’hui, et en prenant appui sur les chiffres des années passées, les actions de ces trois entreprises ont rapporté à l’État 850 millions d’euros au plus bas en 2017 et jusqu’à 1, 5 milliard d’euros les meilleures années, comme en 2012 ? En réalité, le rendement était plutôt de 1 milliard d’euros, ce qui en fait un placement exceptionnellement profitable : il est donc supérieur à 10 % aujourd’hui et serait de 2, 5 % demain… En procédant de la sorte, où est la belle affaire pour l’État ?
Certes, vous allez réintégrer immédiatement 10 milliards d’euros qui vous éviteront peut-être de passer en 2019 le cap symbolique des 100 % de PIB de dette publique, mais quelle est la véritable logique de cette opération de vente et d’abandon de fleurons nationaux ? À qui profitera vraiment la spoliation, car c’en est une, des Français ?