Intervention de Dany Wattebled

Réunion du 3 octobre 2018 à 14h30
Politique industrielle et avenir de notre industrie — Débat interactif

Photo de Dany WattebledDany Wattebled :

Madame la secrétaire d’État, revenons sur la stratégie de l’État en matière de politique industrielle.

Force est de constater que, depuis quelque temps, la France a perdu une part de sa souveraineté. En effet, avec Alstom, elle a cédé ses turbines et ses réseaux électriques, après avoir vendu ses téléviseurs, son imagerie médicale, son aluminium, son acier et son ciment, ainsi que ses équipements de télécommunication. Vous en conviendrez avec moi : c’est à un véritable démantèlement et à des cessions complètes auxquels nous assistons.

Mais revenons à l’affaire Alstom.

Fleuron de l’industrie française, déjà amputé de sa branche énergie dès 2014, Alstom voit désormais sa branche ferroviaire passer sous pavillon allemand. On nous avait vendu un « Airbus du rail », un « géant européen de la mobilité ». Certes ! Mais, si l’on regarde attentivement, on voit bien qu’Alstom a été finalement bradé à Siemens sur l’autel de l’amitié franco-allemande, et que c’est l’Allemand qui sera le vrai patron du nouvel ensemble, comme l’est le conglomérat américain pour la branche énergie. La vérité est que nous assistons à une braderie des intérêts stratégiques français au profit d’intérêts étrangers.

Nous avons donc manqué l’occasion de créer un Airbus du rail, un groupe fondé sur une relation équilibrée, gagnant-gagnant, qui préserve les savoir-faire, les technologies et les emplois. Rappelons que General Electric avait promis de créer 1 000 emplois. Où sont-ils ?

Avons-nous donc, par le choix malheureux de Siemens, perdu la bataille du rail aux niveaux européen et mondial ? L’avenir nous le dira.

Quel enseignement en tirer ?

D’une part, l’industrie européenne est nécessaire pour peser face aux mastodontes étrangers. D’autre part, il nous faut veiller à l’équilibre dans nos cessions. Soyons vigilants s’agissant des cessions de participations que vous envisagez dans le cadre du projet de loi PACTE, comme celles qui concernent Aéroports de Paris ou Engie.

Ma question est donc la suivante : avec ces cessions, l’État ne se prive-t-il pas de leviers stratégiques de long terme pour sauvegarder son outil industriel ainsi que sa souveraineté nationale ?

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