Intervention de Martial Bourquin

Réunion du 3 octobre 2018 à 14h30
Politique industrielle et avenir de notre industrie — Conclusion du débat

Photo de Martial BourquinMartial Bourquin :

Je voudrais faire quelques recommandations à la suite de l’intervention de mon collègue Alain Chatillon. Je commencerai en évoquant General Electric.

Nous sommes en octobre, qui est le dernier mois au cours duquel l’accord est encore en vigueur. À la fin de ce mois, General Electric n’aura plus d’obligation vis-à-vis de l’État français si nous ne prenons pas la décision de faire payer à ce groupe les 34 millions d’euros qu’il lui doit. Si nous souhaitons qu’il le fasse, nous demandons qu’il le fasse non pas sur un mode punitif, mais sous la forme d’un réinvestissement, dans la vallée de l’énergie, à Grenoble, pour une diversification des produits concernant la transition énergétique.

Ce point est très important. Une entreprise de Belfort s’était mise en grève pour réclamer la création de six emplois. Et ils ont été créés ! Vous vous rendez compte que, sur les 1 000 emplois qui devaient être créés par General Electric, on n’en est même pas à 400 !

Concernant Alstom, il me semble bien que l’Union européenne regarde avec beaucoup d’attention la fusion Siemens-Alstom. Et si les choses se passent comme elles se sont passées avec Plastic Omnium et Faurecia, il sepourrait que des sites ne soient pas dans l’accord ! Si tel était le cas, madame la secrétaire d’État, nous devrons revoir l’accord pour éviter que, parmi les douze sites d’Alstom, certains ne soient vendus à l’encan, n’importe comment, y compris à des groupes chinois, japonais ou canadiens, et ne viennent faire concurrence au nouveau conglomérat Siemens-Alstom.

Vous nous avez dit que la loi PACTE allait provoquer notre désengagement capitalistique de plusieurs grandes entreprises. Pensez-vous un seul instant que M. Trump est en train de se désengager des entreprises américaines ? Au contraire, sa politique, c’est l’Amérique d’abord ! Pensez-vous que la Chine, avec son parti-État et les centaines de milliards de dollars mis au service de l’agressivité industrielle et commerciale du pays, se désengage des entreprises nationales ? C’est bien le contraire qui se passe !

Et nous, si nous laissions faire le marché et nous désengagions capitalistiquement de nos entreprises, nous ferions la plus grande des erreurs ! Faisons en sorte, justement, d’équilibrer nos rapports entre l’Europe, la Chine et l’Amérique et, surtout, faisons en sorte que la France, dans ce concert européen, joue un rôle de premier plan !

Madame la secrétaire d’État, nous avons des dossiers très importants en cours. Une politique industrielle, ça ne se limite pas à des intentions et à des déclarations, ça se traduit par des actes. Si jamais on pouvait revenir sur cet accord Alstom-Siemens en le rééquilibrant, la France y gagnerait ! Et elle devrait trouver un juste retour de toute l’activité qu’elle mène pour obtenir des marchés. Alstom, qui est l’entreprise la plus en vue aux niveaux européen et mondial, mérite autre chose qu’une absorption pure et simple par Siemens !

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