Merci Monsieur le président ; je vous présente « mes salutations du matin », selon l'expression usitée ici à Wallis-et-Futuna. Je suis accompagné, pour cette visioconférence, par M. Christophe Combette qui est le chef du service territorial de la jeunesse et des sports, M. Christian Borate, inspecteur principal à l'éducation nationale et directeur du premier degré, représentant de la vice-rectrice des îles Wallis et Futuna présidente de l'Union nationale du sport scolaire (UNSS) et par M. Etuato Mulikihaamea, président du Comité territorial olympique et sportif (CTOS).
Je vous propose d'introduire les différents sujets à l'ordre du jour de notre rencontre puis je cèderai la parole aux autres intervenants qui répondront à vos questions.
Je salue bien évidemment frère Robert Laufoaulu qui est un partenaire assidu de sa collectivité. Je rappellerai pour commencer que Wallis-et-Futuna est la dernière collectivité territoriale française restée hors du champ de la décentralisation : nous avons une assemblée territoriale, avec un président bien sûr, mais la fonction exécutive reste dévolue au préfet. Cela nous ramène à la période d'avant 1983. Il y a certes des projets d'évolution statutaire, qui j'espère pourront être menés à terme, mais pour l'instant la situation est stationnaire. Le président de l'assemblée territoriale est cependant bien sûr un partenaire au quotidien. Dans le cadre du statut de 1961, l'assemblée territoriale a des compétences énoncées par un texte ancien datant de 1957 ; ce texte mentionne la politique sportive et la réglementation applicable à ce domaine. C'est donc l'assemblée territoriale qui délibère sur les orientations en matière de sport. Néanmoins, les moyens mis en oeuvre pour le développement du sport relèvent à 95 % des aides de l'État et s'élèvent à 4 millions d'euros en 2017 ; ce montant est également celui de 2018. La conduite de la politique sportive relève d'un service du territoire, le service territorial de la jeunesse et des sports qui est composé d'une trentaine d'agents, 29 exactement, dont 5 cadres A. Ce service est dirigé par M. Christophe Combette, à mes côtés. Nous avons à Wallis-et-Futuna une cinquantaine de structures associatives, dont 8 ligues qui sont des têtes de réseaux encadrées par le Comité territorial olympique et sportif, présidé par M. Etuato Mulikihaamea également présent à mes côtés.
La qualité des relations nouées avec les élus de l'assemblée territoriale, avec l'administration supérieure que je représente, mais aussi avec les autorités coutumières est très importante. Il y a ici trois rois, un à Wallis et deux à Futuna, Futuna étant divisée en deux royaumes, et il ne faut pas sous-estimer l'importance également des autorités religieuses puisque l'ensemble de l'enseignement primaire ici est délégué par l'État à un organisme qu'on appelle la mission catholique. C'est cette collégialité qui permet d'assurer, dans le domaine sportif, une implantation raisonnable des infrastructures et des équipements. À ce titre, une méthodologie a été élaborée, en particulier avec la signature de conventions en amont des implantations d'équipements sportifs, chaque fois que nécessaire, avec les autorités coutumières ou religieuses qui sont propriétaires des terrains ; nous avons ainsi actuellement un projet sur Futuna qui impliquera la signature d'un acte avec les autorités coutumières. Les aides de l'État sont par ailleurs primordiales, avec les subventions du Centre national pour le développement du sport (CNDS), les différents budgets opérationnels de programme (BOP) concernés, le BOP 219 du ministère des sports et le BOP 123 du ministère des outre-mer, le fonds Pacifique géré par le ministère des affaires étrangères et qui apporte des financements sur différents projets de Wallis et Futuna. Le développement des politiques sportives ne peut se faire sans le territoire, représenté par le préfet, et les conseillers de l'assemblée territoriale qui délibèrent pour l'attribution des fonds CNDS. Cette activité sportive sur le territoire est à la jonction des politiques éducative, sanitaire pour la prévention des risques relatifs aux maladies chroniques, d'insertion et de la haute performance.
À Wallis-et-Futuna, il y a un attachement très fort à cette activité sportive qui a un rôle fédérateur sur le territoire, notamment entre les deux îles de Wallis et de Futuna pour apaiser les clivages coutumiers potentiels. Par exemple, la crise coutumière que nous avons pu connaître il y a un an et demi à deux ans à Wallis est en voie d'apaisement en partie grâce à un sport, le cricket.
En ce qui concerne l'accès au sport de haut niveau, il faut distinguer la phase locale et la phase nationale. Localement, on note la montée en puissance de la qualité des entraînements pour certaines disciplines qui sont très structurées au niveau fédéral et, d'autre part, un accompagnement par le vice-rectorat qui permet le développement des sections sportives dans les collèges et lycées, en particulier pour le rugby, l'athlétisme et le volleyball. Pour le niveau national, les athlètes sélectionnés par les fédérations sont accompagnés dans le cadre du projet Grand INSEP, avec une intégration dans un pôle France ou espoir. Il faut savoir qu'aujourd'hui, on a à Wallis-et-Futuna huit sportifs inscrits sur les listes du haut niveau du ministère de la jeunesse et des sports et deux athlètes susceptibles de participer aux Jeux olympiques en 2020 à Tokyo et en 2024 à Paris, dont l'un est Israël Kaikilekofe, en haltérophilie, et le second Sélévasio-Ryan Valao, en athlétisme, pour le poids et le disque. L'assemblée territoriale a créé trois dispositifs pour aider les sportifs qui partent pour un parcours de haut niveau en métropole : une bourse pour les sportifs de haut niveau, une bourse pour les sportifs d'excellence et une récompense aux résultats.
Pour les équipements sportifs, qui font également partie de votre étude et de votre réflexion, on recense 59 équipements à Wallis-et-Futuna, dont plus des 4/5 sont vétustes, raison pour laquelle le Service territorial de la jeunesse et des sports (STJS) a mis en place une méthodologie de programmation du renouvellement et de la restauration des équipements sportifs pour une distribution des crédits annuels dédiés à leur réparation la plus pertinente possible. Cette méthode permet d'appréhender de façon homogène les demandes et d'établir un indice de programmation qui constitue un outil d'aide à la décision. Par dérogation, Wallis-et-Futuna peut bénéficier de subventions de l'État couvrant 100 % de la dépense, faute de quoi le territoire n'aurait jamais la capacité de réaliser des équipements sportifs. Cette dérogation nous permet de mettre en place un plan de rattrapage et c'est ainsi que sont programmés, pour l'année 2018, deux plateaux sportifs de type city stade et un parcours sportif de santé, ainsi que de réaliser une étude sur l'implantation potentielle de deux piscines sur le territoire, une à Wallis et une à Futuna.
Les relations entre les acteurs du sport, élus, institutionnels ou associatifs, sont au beau fixe. Le sport rassemble en effet dans notre collectivité les différents acteurs autour d'un projet commun et leur coopération et l'activation de leurs réseaux respectifs au niveau national ont une véritable efficience au profit du sport.
Nous nous attachons également à assurer l'intégration du territoire dans son environnement régional. Dans le Pacifique, nous sommes géographiquement très loin de la métropole en dépit des moyens techniques de communication qui nous rapprochent et nous combattons cet isolement grâce aux déplacements régionaux que nous essayons de multiplier. Le mouvement sportif s'y emploie de même par l'intermédiaire des différentes fédérations, dont celle de rugby, dont le président est à la tête du comité olympique et sportif. Lors des Jeux du Pacifique, qui sont la principale manifestation sportive de ce bassin océanique, nous sommes fiers de voir arborer le drapeau français et d'entendre jouer la Marseillaise quand nos champions emportent une médaille.
Pour conclure mon propos, je veux rappeler que nous sommes un petit territoire de 12 000 habitants, avec 1 500 licenciés soit plus de 10 % de notre population. On trouve des sportifs wallisiens et futuniens dans le premier tiers des médaillés des 24 nations qui, traditionnellement, se retrouvent dans les différentes compétitions sportives du bassin Pacifique.
Je vais laisser la parole au directeur de la jeunesse et des sports, au président du CTOS puis au président de l'Union des sports scolaires.