Mes chers collègues, nous devions accueillir ce matin Mme Catherine Smadja-Froguel, chargée de mission sur la réforme de l'audiovisuel public. Empêchée, Mme Smadja-Froguel est représentée par deux autres membres de la mission de concertation sur l'audiovisuel public, Mme Isabelle Giordano, journaliste de télévision qui a été chargée d'une mission sur la transformation de l'audiovisuel public au sein du comité Action publique 2022, programme lancé par le Gouvernement à l'automne 2017 qui vise à repenser le modèle de l'action publique en interrogeant les métiers et les modes d'action publique au regard de la révolution numérique, et M. Frédéric Lenica, maître des requêtes au Conseil d'État, qui a notamment dirigé le cabinet de Mme Audrey Azoulay, ministre de la culture.
Mme Smadja-Froguel nous a sollicités en milieu de semaine dernière pour recueillir notre sentiment sur la réforme annoncée, qui pourrait impacter France Ô ; j'ai immédiatement donné suite en conviant mes collègues à la réunion d'aujourd'hui, dès lors qu'elle m'avait indiqué devoir remettre un rapport d'étape à Mme la ministre de la culture dès la mi-juillet. Je regrette profondément que ces délais très brefs n'aient pas permis à mes collègues de venir nombreux ce jour : l'éloignement de nos territoires ne permet pas de reconfigurer aisément les agendas et cette contrainte est encore trop peu souvent prise en considération !
Pour autant, la question de la visibilité de nos outre-mer sur les ondes publiques et de la mission de France Ô est récurrente ; elle donne d'ailleurs lieu à de fréquentes questions adressées par les sénateurs au Gouvernement. En outre, la visibilité et une meilleure connaissance des contraintes propres et des potentiels et atouts de nos territoires sont au coeur de la démarche de notre délégation, qu'il s'agisse des études réalisées ou de son activité événementielle. Nous avons malheureusement de trop fréquentes occasions de mesurer combien les clichés sont vivaces et combien il est nécessaire de mener une politique informative déterminée en direction du grand public !
Nous avons tous entendu les déclarations du Président de la République lors de la présentation du Livre bleu ; elles n'ont fait qu'amplifier les craintes suscitées par les annonces du 4 juin de Mme la ministre Françoise Nyssen et ont cristallisé la formation du mouvement qui a pris la défense de France Ô. Nous avons le sentiment que les décisions sont d'ores et déjà scellées, prévoyant une bascule de France Ô de la TNT vers le numérique et, concomitamment, des moyens renforcés pour les antennes locales en vue de davantage de décrochages sur les grandes chaînes publiques, France 2 et France 3.
Je souhaiterais pour ma part que notre audiovisuel public parvienne à dépasser le stade des cartes postales paradisiaques ou des images de catastrophes, pour rendre compte plus exactement de nos outre-mer et de toute la richesse et de l'ouverture sur le monde qu'ils apportent à notre pays. Mais il me paraît parallèlement erroné de faire l'impasse sur la dimension symbolique d'une chaîne telle que France Ô, qui est un vecteur de ralliement et de reconnaissance !
Ainsi, avant que mes collègues ne s'expriment, je vous serais reconnaissant de rappeler brièvement l'histoire de la chaîne et d'énoncer aussi concrètement que possible les pistes de réforme actuellement envisagées.
Mes collègues et moi-même avons de nombreuses questions. Vers quel projet nous orientons-nous ? En quoi la nouvelle offre serait-elle meilleure que celle qui existe ? Avez-vous effectué une étude d'impact et avez-vous évalué les conséquences de la réforme sur le personnel et les spectateurs ? Quelles garanties offrez-vous à ces derniers ? L'offre de service sera-t-elle la même, qualitativement et quantitativement ?