Je suis journaliste à la rédaction de France Ô où j'ai de multiples casquettes : outre les reportages diffusés sur notre antenne, je réalise des modules d'information et des décryptages pour France Infos et je présente un magazine d'investigation sur France Ô ainsi que de grandes opérations de France Télévisions telles que le Sidaction. On nous demande d'être présents sur tous les fronts. Nous le faisons, parce que nous croyons en notre chaîne. Nous sommes ici, sur notre temps libre, pour la défendre. Nous sommes animés par un amour génétique ou d'adoption pour l'outre-mer. Notre programme « Investigations » a reçu plusieurs prix cette année. On peut être fier de France Ô.
Derrière cette chaîne de télévision, il y a un media radio et internet. Mme Nyssen a vanté le modèle guyanais ; cela nous a fait plaisir, mais nous aurions aimé qu'elle puisse voir notre modèle parisien. Il serait temps de nous voir comme une force unique dans la valorisation des outre-mer.
On ne voit pas assez les outre-mer sur les grands médias nationaux. Si l'on devait les forcer, comme on en parlait déjà lors de la création de France Ô, cela ne mettrait-il pas en concurrence les différents outre-mer pour les fenêtres qui seront accordées ? L'effet ne serait-il pas contre-productif ?
France Ô joue également un rôle de lien intergénérationnel. Nous ne sommes pas nombreux à avoir des téléviseurs connectés à internet. Nous, ultramarins de métropole, regardons France Ô en famille, parce qu'il est compliqué de se rendre en famille dans nos territoires d'origine, parce que c'est cher. Faut-il supprimer ce lien familial ?
D'autres pistes peuvent être proposées. Un ancrage plus fort dans notre environnement géographique serait le bienvenu. Ai-je une obligation, en tant que Guadeloupéenne, de regarder tout le temps la chaîne guadeloupéenne ? Trop peu d'émissions représentent l'outre-mer hexagonal.
Certaines grandes chaînes privées répondent mieux que le service public à la mission de visibilité de l'outre-mer, notamment par le biais de reportages au « 13 Heures » de TF1.
France Ô pourrait aussi jouer un rôle de petite soeur des grandes chaînes du service public, comme TFX pour TF1 ou W9 pour M6, des chaînes où certains programmes trouvent une deuxième vie.
Enfin, nous devons aller vers plus de réactivité. Lors des ouragans de l'an dernier, les ultramarins de l'hexagone étaient très inquiets pour leurs proches, car il était difficile d'obtenir des nouvelles. Or il a fallu trois jours pour que France Ô réagisse et bascule sur les antennes locales. On doit répondre aux anxiétés.