Merci de nous recevoir et de nous donner la parole, si importante pour nos sociétés et cultures ultramarines de l'oralité. Merci de nous donner l'occasion d'échanger dans un exercice démocratique que nous espérons fructueux.
La parole, c'est l'humanité incarnée, l'opinion, la liberté d'expression, l'échange autour des arguments et le débat, dans le temps duquel nous nous trouvons.
À ce débat autour de l'avenir de France Ô, je souhaite porter la contribution de la radio, qui forme à Malakoff un bloc indissociable avec la télévision et le web, qu'il s'agisse des journalistes ou du personnel technique et administratif.
Tous les jours, il faut le savoir, nos équipes produisent des journaux, des revues de presse, des chroniques sur l'environnement, la santé et l'emploi, qui sont diffusés sur notre site web en même temps qu'ils sont envoyés aux neuf stations de radio du réseau Outremer Première.
Alors que le rapprochement entre France Bleu et France 3 est vivement encouragé par la ministre de la culture, nous avons dès 2014 rapproché nos rédactions télé, radio, et web à Malakoff.
De même, pour nos programmes, nous diffusons en radio des émissions de France Ô, comme l'émission littéraire « Page 19 » ou encore « Les Témoins d'Outre-mer » et le rendez-vous mensuel « Outre-mer politique ».
C'est dire combien nous sommes innovants. Du reste, la Cour des comptes le soulignait en octobre 2016 : « À bien des égards, le réseau Outremer Première constitue une expérience sur laquelle le réseau régional de France 3 pourrait s'appuyer pour sa propre réforme. » Avec notre télévision hertzienne, notre radio et nos sites web, nous sommes un media global innovant qui travaille en convergence.
Pour nous, ce modèle de media global est une fierté. C'est pourquoi le personnel ne comprend pas pourquoi on veut retirer, de manière incohérente, la télévision hertzienne de ce media global.
Ce malentendu nous dépasse, il y a comme un acharnement. Nous sommes un modèle, mais ce modèle n'est pas reconnu.
Des pistes de solutions existent. Nous sommes prêts, personnel de la radio, à renforcer la visibilité de la chaîne de télévision France Ô en contribuant à des sessions d'information en continu. Nos studios le permettraient. Monsieur Théophile, nous sommes bien à la pointe de l'innovation !
On imagine que d'aucuns préfèrent véhiculer une image négative des outre-mer et, singulièrement, de notre chaîne.
Nous, personnel du réseau Outremer Première et de France Ô, sommes une famille. Or, dans une famille, on ne coupe pas une main de l'un pour la donner à un autre. Au contraire, nous avons cette tradition du coup de main, de la main ouverte et de la main tendue. Seule la solidarité peut nous faire avancer ensemble.
Outremer Première et France Ô forment un bloc indivisible, modèle pour l'audiovisuel public. RFO avait déjà cette vocation de dialogue entre cultures ultramarines et hexagonales. Aimé Césaire nous a légué ce réseau : faudrait-il détricoter son héritage ? Nous avons des choses à dire à toute la France ! Nous sommes les enfants de toutes les musiques de nos territoires. Nous sommes aussi les enfants d'Eugène Nicole, d'Aimé Césaire, de Guy Tirolien, de Leconte de Lisle, de la poignée de main Tjibaou-Lafleur... Nous savons que la représentation nationale et tout l'hexagone apprécient notre inestimable apport - ce supplément d'âme que les outre-mer, leurs médias et leur population donnent à la République, qu'ils transforment en un archipel de France à nul autre pareil.