Je participe à l'intersyndicale de Malakoff au titre du syndicat national des journalistes, dont je suis délégué pour France Télévisions. L'inquiétude du personnel est légitime, car la menace de disparition, quoi qu'on dise, est réelle : nous craignons que le changement de support technique soit le prétexte à la suppression de la chaîne, et que la bascule numérique ne serve d'alibi sémantique à un objectif purement économique. Comment réagiriez-vous si l'on remplaçait des lycées par du e-learning, ou des hôpitaux par de la télémédecine ? Vous dites qu'on écoute plus volontiers des podcast, mais encore faut-il qu'il y ait des personnes pour les produire ! Si l'on supprime France Culture, il n'y en aura plus, et le même raisonnement s'applique pour les chaînes de télévision. M. Lenica se réjouit de l'adoption d'un support plus moderne. Mais, en 2016, lors de la création de France Info, on ne s'est pas contenté du numérique ! Preuve que la TNT n'est pas obsolète. Pourquoi ne pas faire la même chose pour France Ô ? Si notre canal sur la TNT disparaît, le risque de dégradation, voire de disparition, sera réel.
Regardez les chiffres : depuis la création de l'entreprise unique France Télévisions en 2009, les effectifs sur le site de Malakoff sont passés de plus de 500 à moins de 400. Vous ne trouverez nulle part ailleurs une telle évolution. En 2009, le site de Malakoff a été rattaché au siège. Neuf ans après, on constate que tout l'effort de réduction des effectifs a porté sur ce site : le pôle outre-mer a servi de variable d'ajustement à l'entreprise. Le résultat des projets en cours sera du sous-emploi, donc du sureffectif. Le contrat d'objectifs et de moyens (COM) prévoit le non-remplacement d'un départ sur deux, ce qui représente 500 emplois supprimés au bout du compte. Malakoff et l'outre-mer auront à payer une part importante.