Intervention de Frédéric Martin

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 7 mars 2018 : 1ère réunion
Risques naturels majeurs dans les outre-mer — Audition des opérateurs de réseaux

Frédéric Martin, directeur général d'ENGIE France Réseaux :

Monsieur le président, madame et messieurs les sénateurs. Je ne reviendrai pas sur les aspects abordés par M. Christian Gosse qui recoupent mon propos. ENGIE intervient sur trois territoires ultramarins, à Wallis-et-Futuna, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. Les 2 000 salariés qui s'y trouvent opèrent quasiment tous les services qu'ENGIE propose à l'échelle nationale. Ainsi, en Polynésie, nous nous occupons de la production et de la distribution d'énergie. En Nouvelle-Calédonie, en revanche, nous n'assurons que l'activité de distribution au sud du territoire. Au total, nous touchons 150 000 foyers et entreprises en distribution grâce à nos 7 000 kilomètres de réseau. Dans le Pacifique comme dans les autres territoires, un tiers de notre réseau est enterré et les procédures sont similaires.

Les risques auxquels nous devons faire face sont identiques à ceux exposés par M. Christian Gosse. J'ajouterai que la fréquence des cyclones augmente, avec au moins un phénomène par an. Les volumes d'eau augmentent également, comme en témoignent les récentes inondations en Polynésie française. Le risque tsunami est également à prendre en compte puisque nous avons essuyé quelques raz-de-marée en bord de mer à Futuna, même s'il s'agit d'incidents mineurs qui n'ont pas détruit les installations.

Depuis les années 1980, ENGIE a mis en place, avec les autorités locales, un dispositif de gestion de crise intégré dans chaque territoire. Avant chaque saison cyclonique, un exercice mené avec les sous-traitants permet de rôder les équipes et d'améliorer la coopération entre les opérateurs et les autorités. Les délais d'intervention étant importants compte tenu de la distance à la métropole, nous avons constitué des stocks de matériel d'urgence en local. Nous avons donc construit tout un écosystème dans chaque territoire pour garantir l'efficacité de la réponse en cas de crise. Les procédures de gestion de crise sont similaires, et les bases de chaque territoire travaillent avec les mêmes outils et coopèrent régulièrement puisqu'elles se rencontrent chaque année à l'occasion d'exercices de terrain.

En ce qui concerne nos retours d'expérience, nous n'avons jamais été confrontés au problème du logement de nos équipes, ni à des difficultés majeures avec les autorités locales. Néanmoins, nous constatons que la fragilité du réseau conduit à réfléchir à des outils enterrés, et ce pour plusieurs raisons. La fréquence des cyclones, tout d'abord, multiplie les risques. En outre, les outils de production sont de plus en plus disséminés sur les territoires ce qui ralentit la remise en route des réseaux. Or, la rapidité du rétablissement du service est devenue essentielle à l'heure où les populations sont hyper-connectées et dépendantes du digital, en particulier dans les îles. Notre priorité reste de réalimenter les centres de secours et les systèmes de distribution d'eau, mais nous devons également répondre à un niveau d'attente plus élevé de nos usagers. Le travail sur la résilience est donc primordial et nous l'avons intégré dans notre système de management, à l'instar de la plupart des grands groupes. À cet égard, nous réalisons systématiquement des analyses de risques en relation avec les autorités locales. Chaque année, également, nous faisons un retour d'expérience pour mesurer l'évolution de notre réponse par rapport aux crises précédentes. Ce travail laborieux et mécanique est essentiel car il permet de mieux anticiper et de limiter les dégâts.

Le dernier cyclone de classe 5 dans le Pacifique était Pam qui a heurté le Vanuatu avec des vents à près de 300 kilomètres par heure. Ce genre de phénomènes nécessite de déployer des moyens considérables. La gestion de crise prend alors une toute autre dimension. L'écosystème mis en place avec les autorités dans les territoires du Pacifique a toujours permis une remise en route rapide car nous n'avons pas fait face à des événements aussi catastrophiques. Nous travaillons en permanence à actualiser nos procédures pour nous maintenir à ce niveau d'efficacité.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion