Intervention de Marc Pontaud

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 9 mars 2018 : 1ère réunion
Risques naturels majeurs en outre-mer — Visite de météo france

Marc Pontaud, directeur de la recherche :

À Météo France, la recherche est structurée autour de deux unités mixtes de recherche (UMR). La première, qui compte 400 personnes, est située à Toulouse, tandis que le laboratoire de l'atmosphère et des cyclones (LACY), basé à La Réunion, est entièrement consacré à la recherche sur ces phénomènes en outre-mer. À cet égard, le LACY joue un rôle important en matière de coopération internationale.

J'aimerais commencer par vous donner quelques éléments de définition. Un cyclone est un système dépressionnaire tropical générant des vents supérieurs à 100 kilomètres par heure. Un tel phénomène ne se forme que dans des conditions particulières, c'est-à-dire dans une couche océanique dont la température est supérieure à 26°C sur plus de 50 mètres. Ces paramètres doivent être conjugués à un vortex de basses couches - une perturbation initiale - et à un faible cisaillement vertical de vent. Enfin, la force de Coriolis, qui correspond à la force de rotation de la Terre, joue un rôle dans la formation des cyclones. Les effets de cette force ne sont pas ressentis au niveau de l'équateur, ce qui explique que la Guyane ne soit pas soumise au risque cyclonique.

Un cyclone se caractérise par des bancs nuageux convergeant autour d'un oeil. Les vents les plus forts se concentrent dans un rayon de 50 kilomètres de distance autour du centre du système, ce qui explique qu'il existe une marge d'erreur de 100 kilomètres concernant le lieu de l'impact à 48 heures du passage. La zone de précipitations, comprise entre 500 et 1 000 kilomètres, est plus étendue que la zone de vent.

Dans le bassin Atlantique, les perturbations naissent en Afrique, se propagent à l'est et se structurent en cyclone en atteignant l'océan. Si les trajectoires sont connues, certains systèmes évoluent parfois de façon surprenante, mais la fiabilité de nos modèles s'accroît significativement avec le temps. Nous considérons que nous ne pouvons estimer les points d'impacts du cyclone qu'à partir de 24 heures avant le passage, lorsque la marge d'erreur est réduite à 50 kilomètres. Je me permets d'indiquer que le modèle de prévision que nous avons développé avec le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT) est le modèle le plus fiable du monde en ce qui concerne la prévisibilité des trajectoires cycloniques. À l'heure actuelle, nous sommes en mesure de détecter des perturbations susceptibles de devenir un cyclone près d'une semaine avant la formation du système. Cela nous permet donc d'améliorer notre suivi mais suscite, paradoxalement, des inquiétudes souvent infondées de la part du grand public.

Toujours en lien avec le CEPMMT, nous développons depuis les années 2000 de nouveaux modèles de prévisions spécifiques aux outre-mer pour améliorer notre connaissance de ces phénomènes, en complément du modèle Arpege. Ainsi, la maille du modèle Aladin, conçu en 2006, est passée de 10 kilomètres à 8 kilomètres en 2010. En 2016, le déploiement du modèle Arome en outre-mer nous a permis d'améliorer encore significativement la résolution pour atteindre une précision de l'ordre de 2,5 kilomètres et traiter les phénomènes verticaux correctifs tels que les orages violents et les cyclones. La France fait partie des rares pays à utiliser une telle technologie qui nous permet de produire quatre fois par jour, pour les territoires ultramarins, des prévisions à très haute résolution jusqu'à 48 heures, voire 72 heures en cas d'alerte, avant l'impact. Le périmètre de modélisation est très étendu dans l'océan Indien puisque nous y exerçons une responsabilité en matière de veille cyclonique pour l'ensemble de la zone. Ces images comparant l'analyse de l'ouragan Irma par deux modèles différents vous montrent qu'Arome est capable de représenter l'ensemble du système dépressionnaire, à la fois sa structure et sa force, même en l'absence d'informations complètes, ce que ne permettait pas le modèle IFS.

montre la représentation dynamique d'un cyclone générée par le modèle Arome.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion