Les cyclones Irma, Maria et José se sont formés au cours d'une période marquée par une anomalie de température positive en Atlantique.
Ce constat m'incite à aborder avec vous la question de l'influence du changement climatique sur les phénomènes cycloniques. En l'état de nos connaissances, nous pouvons émettre l'hypothèse que les cyclones seront moins nombreux dans le futur à l'exception des cyclones intenses, de catégories 4 et 5, qui risquent de se multiplier.
Météo France a par ailleurs développé des modèles de vagues et de surcotes en outre-mer. Ces outils, couplés au modèle Arome, nous permettent de déterminer le champ de surcote jusqu'à 12 mètres à 24 heures du passage d'un cyclone. J'ajoute que l'effet de surcote marine est amplifié par la hausse du niveau de la mer, qui ne se manifeste pas de façon homogène dans tous les endroits du globe. Les recherches scientifiques laissent à penser que les estimations actuelles devront être revues à la hausse.
Nous participons par ailleurs à de nombreux projets qui contribuent au zonage des risques naturels majeurs et à la réflexion sur la reconstruction, en lien avec le changement climatique. Le projet ReNovRisk (recherche intégrée et innovante sur les risques naturels), basé à La Réunion, a pour but de mobiliser les acteurs de la recherche scientifique pour réaliser une cartographie des risques avec une estimation des coûts des dommages. Il s'agit donc d'une démarche qui se veut opérationnelle et pluridisciplinaire en intégrant des outils de macroéconomie et qui devrait permettre, in fine, de déterminer le coût du changement climatique sur le territoire et de définir une politique d'adaptation. Le projet C3AF (changement climatique et conséquences sur les Antilles françaises), s'inspirant du modèle réunionnais, est en train de voir le jour dans le bassin Atlantique. Il n'a pas vocation à intégrer la dimension macroéconomique du changement climatique mais devrait permettre, à terme, d'identifier les zones de fragilité.
Je conclurai enfin par un point de situation sur le cyclone Hola qui se rapproche de la Nouvelle-Calédonie à l'heure où nous parlons. Cela me donne l'occasion de vous montrer, par un exemple concret, comment le modèle Arome nous a permis d'améliorer nos prévisions. Nous sommes désormais en mesure, dans nos bulletins météorologiques, de faire figurer le champ de pression du cyclone et de prévoir les rafales de vent et les précipitations associées avec davantage de précision. Il s'agit d'un modèle unique au monde, mais qui reste perfectible. Au plan scientifique, nous réfléchissons à une meilleure prise en compte de couplage océan-atmosphère et nous travaillons également sur l'hypothèse de la régénération du cycle de l'oeil car nous pensons que l'élargissement du diamètre de l'oeil est dû à des phénomènes liés à la microphysique tels que la ré-évaporation d'aérosols marins qui recrée la convection à l'arrière de l'oeil. Enfin, nous devons améliorer notre couverture radar, notamment en Polynésie française qui est le seul territoire à ne pas être doté de ce matériel d'observation, afin d'améliorer la capacité d'Arome à recréer les structures cycloniques.