Je voudrais tout d'abord souligner l'hétérogénéité de notre organisation dans les outre-mer. Nous pouvons distinguer trois types de territoires. Ceux dont les liens avec la métropole se distendent, comme la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. Ces deux territoires ont acquis le statut de fédérations à part entière membres de la FIFA. Des liens subsistent avec ces deux fédérations, y compris du point de vue financier et humain car la Fédération française de football (FFF) continue de les accompagner. Sous cet angle, la France devient un pays fédéral. La deuxième grappe de ligues dans les outre-mer concerne les ligues de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane et de Saint-Martin qui sont en même temps adhérentes à la Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF). Elles disposent d'un statut aménagé : elles sont membres à part entière de la FFF mais elles ont la possibilité de participer à des compétitions régionales. Certaines d'entre elles ont même brillé dans le passé. Pour nous, l'idée est de promouvoir le développement du football au plus près des territoires et dans leur environnement régional. De ce point de vue, nous estimons que les accords que nous avons obtenus avec la FIFA et la CONCACAF sont pertinents. Le troisième groupe est constitué des ligues qui ont un statut que l'on pourrait assimiler au statut classique d'une ligue métropolitaine. Il s'agit des ligues de La Réunion, de Mayotte et de Saint-Pierre-et-Miquelon. Malgré tout, pour l'ensemble de ces territoires, notre fédération reste attachée à maintenir un véritable accompagnement et à ce que le lien ne se distende pas. Nous nous déplaçons régulièrement dans ces différents territoires, qu'il s'agisse de la partie technique de la fédération - M. Hubert Fournier, directeur technique national, m'accompagne aujourd'hui - ou de la partie administrative, car bien souvent les ligues sont préoccupées par leur structuration administrative. Nous mettons en place des dispositifs de soutien à leur structuration juridique et surtout financière, avec la possibilité de projeter régulièrement des auditeurs sur place.
Nous avons mis en place deux pôles, un sur la zone Antilles Guyane, constitué du pôle espoir du centre de ressources, d'expertise et de performance sportives (CREPS) de Pointe-à-Pitre et qui devrait accueillir des jeunes de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane et de Saint-Martin - j'inclus Saint-Barthélemy qui est l'un des districts de la ligue de Guadeloupe -, et d'un pôle à La Réunion qui devrait accueillir également des jeunes de Mayotte. Ces deux pôles donnent satisfaction. Ils permettent de voir régulièrement émerger de jeunes talents. Le dernier en date est Thomas Lemar qui joue en équipe de France après avoir été repéré lors d'un passage au pôle de Pointe-à-Pitre. Nous avons toutefois quelques interrogations sur l'efficience et la capacité des quatre ligues des Antilles et de la Guyane à se structurer pour envoyer des jeunes en Guadeloupe. La logique voudrait que l'ensemble des jeunes puissent aller au CREPS de Pointe-à-Pitre qui dispose à la fois des capacités d'hébergement et d'une cité d'excellence scolaire qui fournit d'excellents résultats, au niveau du collège comme du lycée. Nous avons également des centres de perfectionnement en Martinique et en Guyane.
Grâce à notre organisation, nous offrons aux territoires trois possibilités de rayonner dans leur environnement régional immédiat, comme au niveau national. La première possibilité est offerte par la mise en place de championnats régionaux. Chaque ligue organise son propre championnat au niveau régional. Nous nous sommes rendu compte qu'il manquait peut-être une strate de compétition par rapport aux ligues métropolitaines. En conséquence, dès cette année nous avons décidé de soutenir, y compris financièrement, l'organisation d'un challenge inter-ligues Guadeloupe, Martinique et Guyane afin d'offrir des confrontations de bon niveau aux meilleures équipes. La deuxième possibilité consiste à permettre aux clubs ultramarins de participer à la Coupe de France à partir du 7e tour de qualification : ceci permet chaque année à des clubs ultramarins de venir se confronter aux équipes métropolitaines. Sur certains tours, la logique peut être inversée et ce sont les clubs métropolitains qui se déplacent dans les outre-mer. La dernière possibilité est un élément de rayonnement au sens large ; c'est celle évoquée précédemment, pour les ligues de la zone Antilles Guyane, de participer aux compétitions de la CONCACAF. Dans le passé, la ligue de La Réunion participait aux compétitions de la Confédération africaine de football (CAF). Cela s'est perdu car le lien entre La Réunion et la CAF n'est pas aussi fort que celui qui existe avec les ligues Antilles Guyane et la CONCACAF. Nous espérons qu'il pourra être rétabli un jour, si ce n'est au niveau des tournois ou des compétitions de la CAF, mais au moins de celui de la sous-région d'Afrique du Sud.
Je voudrais évoquer une spécificité de la FFF : nous disposons d'un fonds d'accompagnement du football amateur (FAFA) d'une quinzaine de millions d'euros. Il permet d'accompagner, en fonctionnement mais également en investissement, l'ensemble de nos ligues, districts et clubs. Dans les outre-mer, les ligues constituent aussi des districts car elles sont toutes quasiment mono-district. Au titre de la saison qui vient de s'écouler, près de 2,3 millions d'euros ont été consacrés aux outre-mer. À cela s'ajoutent environ 500 000 euros d'actions conduites en direct par la FFF. J'évoque ce fonds car, certes, nous sommes l'une des rares fédérations à pouvoir accompagner à ce point ces organes déconcentrés, mais nous avons malheureusement constaté qu'il était sous-utilisé ou mal utilisé dans les outre-mer pour diverses raisons, la principale tenant à la difficulté d'avoir des personnes qui pourraient jouer le rôle d'ensemblier - technico-administratif ou sportivo-administratif - pour mettre autour d'une même table la collectivité locale, l'État et la ligue ou le club concerné de façon à faire émerger des projets. Ces deux ou trois dernières années, l'essentiel des demandes d'utilisation du FAFA concerne l'acquisition de véhicules pour permettre aux clubs de se déplacer. Si ces acquisitions sont compréhensibles, il y a également un véritable besoin d'infrastructures. Le FAFA peut accompagner la création de terrains, et notamment de mini-terrains synthétiques pour le développement du football à cinq ou de foot-salles. Nous avons même réussi à obtenir des crédits de la FIFA pour cela. Or nous avons des difficultés à consommer ces crédits. Les besoins sont suffisamment exprimés pour qu'on puisse s'interroger sur la meilleure façon de les utiliser de façon optimale. Nous voulions aborder devant vous ce sujet sensible.