Notre fédération a un lien fort avec les outre-mer depuis un certain nombre d'années. Nous sommes quasiment présents dans chacun d'entre eux, avec la situation particulière de la Polynésie qui, contrairement aux autres territoires, n'est pas un comité régional et est également membre de la Fédération internationale de canoë. Les outre-mer représentent 5 % de nos licenciés, avec trois zones fortes : les Antilles en intégrant les deux comités régionaux de Martinique et de Guadeloupe, la Guyane et La Réunion.
Notre intérêt pour les outre-mer nous a conduits à apporter des modifications dans notre organisation institutionnelle et fonctionnelle. Une des demandes des territoires d'outre-mer portait sur la prise en compte de leurs problématiques spécifiques au sein de la gouvernance globale de la FFC. La fédération a choisi de modifier ses statuts afin de créer un conseil des outre-mer, opérationnel depuis une petite année, qui réunit l'exécutif fédéral et les représentants des outre-mer au moins deux à trois fois par an pour aborder leurs problématiques spécifiques. Si elle peut paraître un peu formelle, cette initiative a été d'une redoutable efficacité. Elle permet d'appréhender les problématiques de nos représentants au plus près de la réalité et de trouver des solutions qui correspondent réellement à leurs besoins.
Par rapport au collectif de cadres d'État dont je dispose, jusqu'à présent je n'ai qu'un collègue, affecté en qualité de conseiller technique régional, en Guadeloupe. En termes de couverture de l'outre-mer, c'est assez limité. Nous sommes en train de nous organiser pour désigner un cadre technique qui sera le référent de l'ensemble des outre-mer, sans être nécessairement affecté à un territoire particulier, et l'interlocuteur pour tous les présidents des comités régionaux. C'est une demande forte des outre-mer.
Je souhaite également évoquer devant vous la place des outre-mer dans la performance en vue des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Nous disposons de trois pôles qui fonctionnent bien en Guyane, en Guadeloupe et à La Réunion, mais avec un prisme très orienté en termes de rayonnement territorial local. Notre ambition est de faire de l'outre-mer un vivier pour la performance, dès lors en particulier qu'à partir des jeux de Tokyo trois nouvelles épreuves avec la pirogue - que nous appelons le va'a - seront inscrites. Ce sont trois fortes potentialités de médailles pour la France dès lors que nous aurons réussi à nous organiser pour nous appuyer sur les territoires où la pirogue est développée, c'est-à-dire clairement dans les outre-mer. Nous avons appris de nos erreurs car ce vivier des outre-mer existe depuis un grand nombre d'années et jusqu'à présent l'approche retenue - faire venir les athlètes d'outre-mer dans les structures de métropole - aboutit à un constat d'échec. Nous avons posé la problématique différemment en nous interrogeant sur la meilleure méthode pour accompagner le projet de performance de l'athlète ultramarin, sur les moyens que nous pouvions mettre à sa disposition. Cette nouvelle philosophie a des impacts très concrets. Nous sommes dans une phase de détection, d'identification et de construction de notre dispositif d'accompagnement des athlètes ciblés. Je pense notamment à un jeune athlète paralympique d'une quinzaine d'années de La Réunion. L'idée n'est pas de l'amener sur notre pôle paralympique mais de lui donner les moyens d'aller au bout de son projet, en restant sur place.
J'accompagne depuis une petite année un jeune exécutif fédéral et nous nous sommes aperçus que l'un des enjeux forts est de réussir la mise en place d'une synergie entre tous les acteurs. Nous sentons l'envie de bien faire de tous. Nous souhaitons accompagner les comités régionaux, les athlètes des outre-mer, et trouver la recette pour fédérer toutes ces énergies afin qu'elles poussent dans le même sens. Notre approche a été de partir du local vers le national, dans une logique d'accompagnement des comités régionaux, de nous adapter à leurs besoins et à leurs réalités, que ce soit sur le développement sportif, touristique ou économique ou l'émergence de la performance sportive. Notre approche est très agile car ce n'est pas un système unique que nous décalquons sur tous les outre-mer. Le cas particulier de la Polynésie est révélateur. Le canoë-kayak, dans son spectre le plus large, y est organisé autour de trois fédérations. Nous ne cherchons pas à entrer dans leurs difficultés de délimitation des périmètres, mais à être les facilitateurs pour permettre à l'ensemble des sports de pagayes d'émerger et de se développer au mieux.