La Fédération nationale de protection civile est constituée d'associations départementales et complète son réseau sur le territoire métropolitain ou ultramarin par des antennes locales. Elle compte 313 bénévoles pour l'arc caribéen et 368 bénévoles pour le Pacifique. Pour le transport, elle a à sa disposition essentiellement des véhicules légers ainsi qu'un véhicule sanitaire sur la Martinique.
Un travail considérable a été fait par Line-Rose Arrouvel, présidente de la protection civile de la Martinique. Notre réflexion s'est également appuyée sur le très précieux rapport du sénateur Roland Courteau consacré aux tsunamis et aux tremblements de terre. L'idée était d'alerter au mieux les populations.
Nous avons dû déterminer la nature exacte des risques sur ces territoires, et réfléchi aux moyens d'alerte en amont de l'événement, le gros problème étant le manque d'énergie. Nous avons évalué le temps nécessaire aux équipes pour se mettre en place et tenté de déterminer les principales difficultés. Nous essayons de mettre en oeuvre tous les moyens pour sensibiliser la population aussi bien au risque sismique, volcanique ou de tsunami ; nous avons beaucoup de difficulté à faire comprendre à la population qu'il existe un risque, celle-ci ne faisant pas souvent l'effort de prendre connaissance des consignes pourtant diffusées par les autorités. Un gros travail est à faire au niveau des écoles. Des réunions publiques pourraient également nous permettre d'expliquer aux uns et aux autres comment détecter un danger et comment s'en prémunir.
Il convient également de demander aux personnes susceptibles d'être victimes de préparer l'après. Par exemple, il faut avoir de l'eau. Cela a été le gros problème à Saint-Martin. Il faut faire comprendre aux gens la nécessité de faire des réserves.
En ce qui concerne plus précisément les blessés, il faut apprendre à faire les gestes qui sauvent en attendant les secours. Ces gestes simples peuvent s'apprendre en deux heures. Chose surprenante, la population n'est pas non plus préparée à rejoindre les lieux de refuge. Les plans d'intervention, sur lesquels nous travaillons déjà avec les préfectures et sous-préfectures, mériteraient d'être encore affinés. Les exercices sont indispensables, nous n'en faisons pas suffisamment. Il faut notamment que l'éducation nationale s'implique pour que la culture du risque soit enseignée au sein des établissements scolaires.
En ce qui concerne la gestion de la crise, nous avons d'excellentes relations avec les autorités administratives, d'autant que notre principe est de nous mettre à leur disposition. L'alerte est donnée par la préfecture, qui nous demande d'intervenir. Quelque temps après, nous faisons un retour d'expérience. Mais c'est trop rare. Sur Saint-Martin, par exemple, nous n'avons pas encore eu le temps de le faire.
Nous avons aussi mis l'accent sur les communications téléphoniques. Nous espérons pouvoir conclure une convention avec VISOV, comme nous avons passé une convention avec la Fédération nationale des radioamateurs au service de la sécurité civile (FNRASEC) pour officialiser la coopération mise en place avec eux à Saint-Martin, où ils nous ont permis de communiquer avec le reste du monde, notamment avec la salle de crise au ministère de l'intérieur. De la même façon, il est nécessaire d'activer les réseaux, pas forcément techniques, mais aussi humains. Les associations en place sur le terrain peuvent nous dire ce qui se passe sur les lieux pour que nous puissions affiner l'envoi de notre matériel. À Saint-Martin, nous avions besoin non pas de pompes à eau, mais de tronçonneuses pour dégager les gravats des structures écroulées.
Quelles sont les difficultés rencontrées ? Bien souvent, il s'agit d'un problème de coordination et de communication, rendues difficiles avec les autorités sur place qui ne disposaient plus de locaux : la sous-préfète, par exemple, a été hébergée à l'ANPE. Nous avons surtout travaillé en coordination avec le groupe des pompiers de la sécurité civile, avec lesquels nous sommes en totale complémentarité. Nous appliquions les instructions données par les autorités locales. Nous avons aussi dû faire face sur place à de fausses informations. Nous avons été envoyés sur des lieux où cela n'avait pas d'utilité, faute de pouvoir vérifier l'information. Nous comptons beaucoup sur la population. À force de passer à Grand-Case ou à Marigot, nous avons fait connaissance avec un certain nombre de sinistrés qui nous servaient utilement d'interlocuteurs. Mais un tel réseau prend du temps à développer.
Vous m'avez interrogé sur les partenariats internationaux, difficiles à mettre en place en raison de problèmes de coordination ou de langue. Plusieurs questions se posent : qui est juridiquement décideur ? Les moyens engagés par d'autres services sont-ils compatibles avec les nôtres ? Ne font-ils pas doublon ? Les techniques employées par les autres pays sont-elles transposables avec des effectifs français ? Les missions peuvent être différentes. En France, certaines associations font un peu de tout : de l'aide à la personne, du soin, du déblaiement, du sauvetage, etc. Or, certaines associations étrangères ne font que du soin, même si, à Haïti, elles recensaient aussi les enfants qui pouvaient être adoptés. Les temps d'intervention sont également différents. Nous préconisons de ne pas dépasser 17 à 21 jours ; mais cela a un coût parce qu'il faut payer le voyage des bénévoles qui relèvent les équipes. Or, notre fédération ne reçoit pas de subventions.
La spécificité des territoires ultramarins, c'est déjà la distance. Le 6 septembre 2017 survient Irma. Les premiers sauveteurs antillais arrivent sur place seulement le 9 septembre. Quatre à cinq jours après, les métropolitains viennent en renfort.
Autre difficulté, l'octroi de mer que nous payons sur tout ce que nous apportons, soit 20 % de taxes, y compris lorsque nous faisons passer des diplômes de secourisme !