Intervention de Dominique Sorain

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 29 mai 2018 : 1ère réunion
Risques naturels majeurs en outre-mer — Visioconférence avec mayotte

Dominique Sorain, préfet :

Mesdames et Messieurs les sénateurs, j'ai pu assister au lancement de votre étude sur les risques naturels majeurs et c'est avec plaisir que je vous retrouve ce matin pour échanger avec les élus, représentés par le président de l'association des maires, et les services concernés sur ces problématiques importantes pour Mayotte.

Je vous propose donc de commencer par quelques éléments de contexte sur l'actualité des risques naturels majeurs à Mayotte qui vit une situation exceptionnelle puisque depuis le 10 mai, de nombreuses secousses sismiques secouent le territoire. Si le risque sismique est connu sur l'archipel, le phénomène d'essaim de séismes qui nous frappe actuellement est exceptionnel. Il se caractérise par une succession de secousses erratiques tout au long de la journée, avec une centaine d'épisodes à plus de 4,4 sur l'échelle de Richter et une magnitude maximale de 5,8, un record pour l'archipel. Au total, plus de 800 secousses ont été enregistrées, dont certaines ne sont pas perceptibles. Ces séismes se propagent à partir d'une zone située à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Mayotte.

Ces secousses quotidiennes sont source de vives inquiétudes pour la population qui n'a jamais été confrontée à un phénomène de cette ampleur. En fournissant des analyses régulières, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) organise un suivi en continu du risque sismique, mais les secousses demeurent imprévisibles. Notre travail consiste donc avant tout à informer la population au travers des médias et des élus, notamment de l'association des maires, pour expliquer ce phénomène et diffuser les consignes de sécurité. Il s'agit d'une dimension essentielle du travail de prévention car, les secousses ne durant que quelques secondes, chacun doit adopter les bons réflexes et pouvoir se mettre en sécurité le plus rapidement possible. Nous apprenons donc à la population comment se protéger en intérieur, en se glissant sous une table, mais aussi en extérieur, en s'éloignant des bâtiments. Des consignes très strictes ont été données aux établissements scolaires qui ont l'obligation de réaliser des exercices quasi quotidiennement pour préparer leurs élèves.

Dans le même temps, nous procédons au recensement des dégâts sur les bâtiments avec une attention particulière portée aux établissements scolaires. Quelques bâtiments ont ainsi été fermés le temps que des études soient faites pour écarter tout danger pour les enfants. En ce qui concerne les infrastructures privées, ce travail de diagnostic précis a permis de ne condamner que les parties dangereuses de certains bâtiments.

Les conséquences matérielles de ce phénomène sont donc relativement limitées, mais la multiplication des secousses continue de générer de l'inquiétude. Nous sommes confrontés à la difficulté d'informer la population en continu pour éviter les comportements dangereux. Les premiers jours, certains habitants préféraient passer la nuit dehors, ne sachant comment réagir en cas de séisme.

Des études supplémentaires ont d'ores et déjà étaient commandées pour améliorer notre connaissance de l'essaim de séismes. À terme, nous devrons également adapter tout notre dispositif de sécurité civile, notamment le plan ORSEC séisme qui est en cours d'élaboration.

Je me permets par ailleurs d'insister sur le fait que, eu égard à l'imprévisibilité des secousses, les fausses nouvelles se sont rapidement répandues dans la population. À titre d'exemple, des messages circulaient sur les réseaux sociaux demandant aux habitants de sortir de chez eux à 3 heures du matin en prévision d'une secousse, ce qui est particulièrement dangereux. Or, il est difficile de lutter contre la prolifération de ces messages, sauf à multiplier les contenus didactiques pour s'assurer que la population reçoive les bonnes informations.

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