Intervention de Catherine Conconne

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 21 juin 2018 : 1ère réunion
Financement du programme d'options spécifiques à l'éloignement et à l'insularité posei — Audition des représentants des filières agricoles des régions ultrapériphériques françaises

Photo de Catherine ConconneCatherine Conconne :

Je salue l'initiative d'Eurodom et l'engagement des producteurs qui ont fait le déplacement. Je suis à vos côtés dans ce combat, au nom du devoir d'équité de la France et de l'Union européenne envers nos territoires. Nous sommes actuellement dans une période de grande incertitude, qu'elle soit météorologique ou financière. Il faut reconnaître que nos territoires sont soumis à des difficultés spécifiques et que nos producteurs doivent constamment déployer des efforts extraordinaires dans ce contexte. Il n'est pas normal de devoir nous gendarmer et revendiquer avec virulence ce qui est dû, au risque de paraître pratiquer la mendicité : nous ne demandons pas de l'aide mais simplement de justes compensations. Aujourd'hui, la filière de la banane, longtemps stigmatisée par le scandale du chlordécone, a réduit de 75 % l'usage des produits phytosanitaires. Cette filière a fourni des efforts considérables mais doit constamment se battre face à une concurrence déloyale drainée par les accords commerciaux européens, avec notamment des pays d'Amérique latine bien moins vertueux en matière de normes sociales et environnementales et pourtant aidés financièrement par l'Union européenne. Canne, sucre et rhum sont des filières d'excellence. Ces productions ont obtenu des labels, désormais stabilisés. Le rhum martiniquais est ainsi labellisé « appellation d'origine contrôlée » et cela demande énormément d'efforts, alors que le partage des quotas est toujours délicat. Guadeloupe et Martinique font face à un défi démographique dû au vieillissement et au départ des jeunes. Comment dire à nos jeunes qui quittent nos territoires que nous avons besoin d'eux ? Que nous avons besoin d'agriculteurs ? La filière viande représente dix ans d'efforts surhumains, et la concurrence des produits à bas coûts déversés par l'Union européenne, comme le poulet congelé, est dévastatrice. Dans ce contexte, l'incertitude qui plane sur l'évolution du POSEI est déstabilisatrice et nous devons remédier à cette situation. Encore une fois, la France et l'Union européenne ont un devoir d'équité envers nos territoires et vous me trouverez à vos côtés dans ce combat. Pour commencer, je me rendrais avec vous à Bruxelles demain.

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