Intervention de Nathalie Loiseau

Commission des affaires européennes — Réunion du 24 octobre 2018 à 17h05
Institutions européennes — Audition de Mme Nathalie Loiseau ministre chargée des affaires européennes sur les conclusions du conseil européen des 17 et 18 octobre 2018

Nathalie Loiseau, ministre des affaires européennes :

Je partage votre analyse. Matteo Salvini recherche la confrontation et prenons garde à ne pas lui donner ce qu'il attend. Des actions soudaines pourront renforcer le poids des europhobes. Le dialogue est nécessaire même si les marges de manoeuvre demeurent étroites. La pédagogie est essentielle, s'agissant surtout de la dette publique. Notre dialogue est nécessaire, du fait de notre monnaie commune.

Les questions de dette ne relèvent pas d'une quelconque forme de dogme bruxellois, mais engagent nos enfants et petits-enfants. L'euro fort pénalise aussi les exportations allemandes. Nos importations sont plus supportables, tandis que le prix du pétrole augmente, qu'avec un euro faible. Si notre déficit commercial continue de se creuser, d'autres motifs doivent être allégués. Sur les excédents budgétaires, l'Allemagne pâtit elle-même d'un sous-investissement ; le mécontentement populaire qui y monte n'est pas seulement lié aux questions migratoires, qui avivent l'inquiétude de la population de l'ensemble des États membres, mais résulte également des choix budgétaires précédents. Cette question recoupe celle des capacités budgétaires de la zone euro sur laquelle la Chancelière nous a rejoints, il est vrai, pour des raisons notamment de politique intérieure.

Bien que Matteo Salvini mette en exergue la question des migrants, l'Italie souffre actuellement le moins des nouveaux influx migratoires puisqu'en une année les flux migratoires ont baissé de 80 % via la Méditerranée occidentale. L'Espagne et les pays limitrophes de la Méditerranée orientale sont confrontés, en revanche, à de nouveaux flux ; ce qui soulève la question du rôle du gouvernement turc. Une telle réalité motive ainsi la rédaction des conclusions du sommet européen consacré à l'immigration. En effet, Ankara tend à remettre en cause le fléchage des aides de l'Union vers les collectivités territoriales et revendique plutôt un soutien financier direct. Telle n'est pas notre orientation. La Turquie n'hésite d'ailleurs par à rouvrir le robinet migratoire à l'occasion de tout événement politique qu'elle considère comme défavorable !

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