Intervention de Christian Cambon

Réunion du 30 octobre 2018 à 14h30
La crise migratoire : quelle gestion européenne — Conclusion du débat

Photo de Christian CambonChristian Cambon :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, au terme de ce débat, qui a montré tout son intérêt, je crois que l’on peut retenir quelques lignes de force.

Tout d’abord, les différents intervenants, que je remercie de leur participation à ce débat, se sont fait l’écho des inquiétudes que ressentent nos concitoyens et, d’une manière générale, les populations du continent européen.

Ces inquiétudes sont nombreuses et multiples, que ce soit au niveau des collectivités locales, au niveau des territoires et, d’une façon plus générale, pour l’avenir de notre continent. De telles inquiétudes peuvent évidemment faire l’objet d’une instrumentalisation politique. Comme l’ont rappelé plusieurs de nos collègues, le résultat des élections auxquelles on a assisté, notamment en Italie ou en Suède, et les événements politiques qui se déroulent sous nos yeux en Allemagne montrent bien que la question des migrations et le défi que celles-ci représentent ont maintenant des conséquences sur la vie politique de notre continent, avec tous les dangers que cela peut entraîner.

À partir de là, tout le monde souhaite que cette politique migratoire fasse l’objet d’une régulation. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela signifie d’abord qu’il faut réaffirmer le droit d’asile. Il s’agit d’un droit fondamental, d’une tradition très importante, qui a été pratiquée par tous les gouvernements. Peut-être devrions-nous – vous avez avancé un certain nombre d’idées dans ce domaine, monsieur le ministre – faire en sorte de mieux harmoniser ce droit d’asile au sein des pays européens, car tous ne pratiquent pas les mêmes règles.

Nous vous encourageons évidemment à rappeler à leur devoir certains pays européens, qui en prennent à leur aise s’agissant d’un certain nombre de règles, dont celles du droit d’asile. En effet, quand on adhère à l’Union européenne, on en prend les avantages et on en supporte aussi les contraintes.

Au-delà du droit d’asile – là aussi, les interventions l’ont bien montré –, il est ensuite absolument nécessaire de protéger nos frontières, notamment face à l’immigration économique, non pas parce que l’on vise particulièrement cette immigration, mais parce que l’on ne peut pas accueillir, comme cela a été dit bien des fois, toutes les misères du monde.

Sur ce sujet, monsieur le ministre, vous avez évoqué un certain nombre d’instruments : le contrôle aux frontières, les efforts réalisés autour de FRONTEX notamment, et la politique des visas, afin d’instaurer une réciprocité avec les pays concernés.

Toutefois, quelles que soient les mesures de protection que l’on prendra concernant le continent européen, nous avons évidemment le sentiment que l’on ne pourra pas arrêter ces migrations par la seule contrainte.

C’est pourquoi il me semble qu’il y a deux combats à mener, qui relèvent de surcroît de votre autorité, monsieur le ministre.

C’est d’abord le combat pour la paix. Lorsqu’on visite ces camps de réfugiés, comme j’ai eu l’occasion de le faire, comme un certain nombre d’entre vous l’ont fait également, on voit bien que ces pauvres gens n’ont qu’une seule envie, c’est de retourner là où ils habitaient, dans leur maison, dans leurs champs, dans leurs commerces.

Simplement, ils ne peuvent y retourner que si la sécurité est rétablie. Il faut donc que la France prenne toute sa part dans les processus de paix. Je connais les nombreux efforts que vous mettez en œuvre dans ce domaine, mais c’est en tous les cas dans ce sens qu’il faut aller.

C’est ensuite le combat pour l’aide au développement. Nous le disons, nous le redisons : il n’y aura de solution pérenne ou forte que si l’on s’attaque à la pauvreté et au manque d’espérance.

Certains d’entre vous ont cité l’exemple de l’Aquarius. Pour ma part, au Vatican, j’ai entendu le Président de la République rappeler que, à bord de l’Aquarius, il y avait 60 % de personnes originaires d’un grand pays du sud de la Méditerranée, qui nous fait face. Ce pays n’est pas identifié comme étant en guerre. Comme d’autres pays, c’est simplement un pays où il n’y a pas d’espérance. Les jeunes utilisent donc tous les moyens pour fuir, parfois au mépris de leur propre vie. C’est pourquoi il faut absolument conduire une politique volontariste d’aide au développement.

Le Président de la République a annoncé – et nous soutenons cette mesure – la hausse de près de un milliard d’euros des crédits consacrés à l’aide au développement, notamment par une politique de dons. Il faut aider les pays les plus pauvres, c’est vraiment fondamental. Nous pensons véritablement qu’il s’agit de l’une des actions de fond et de l’une des priorités que nous devons poursuivre pour mettre un terme à ces migrations, faute de quoi tous les moyens coercitifs ne permettront certainement pas de maîtriser ce phénomène.

Autant dire, monsieur le ministre, que nos commissions – je salue le travail qui a été fait par le président Jean Bizet et la commission des affaires européennes, ainsi que par la commission que j’ai l’honneur de présider, sur cette problématique concernant les pays européens – continueront à vous accompagner. Ce genre de débat est utile, car il nous sensibilise à ces problématiques et permet de faire connaître au Gouvernement la manière dont nous vivons ces sujets dans nos territoires. Ces phénomènes ont des conséquences dans nos départements et dans nos communes, ce qu’ont bien rappelé les uns et les autres.

Chaque fois qu’il vous faudra prendre des décisions courageuses, dans le cadre de la lutte contre les passeurs par exemple, nous serons là pour vous accompagner et vous inciter à mettre la plus grande ardeur – vous avez cette ardeur, mais nous souhaitons que vous en ayez encore davantage ! – pour faire bouger les lignes. En effet, il y a manifestement des choses qui ne vont pas en Europe.

Espérons que, avec l’action que nous menons tous de façon concertée, la France se trouvera en première ligne pour mener cette belle politique visant à réguler les migrations et à faire en sorte qu’un peu moins de douleur, de souffrance, ne règne dans ces pays et qu’un peu moins de personnes ne soient obligées de quitter leur mère patrie pour en rejoindre une autre, qui n’est pas fatalement celle qui leur accorde la meilleure part de bonheur.

Monsieur le ministre, on vous encouragera, on vous aidera et on vous soutiendra quand il le faudra ! Merci d’avoir accepté ce débat.

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