Avant l'audition du directeur général de l'agence française de développement, je souhaiterais vous faire un bref compte rendu de la mission que nous venons d'effectuer au Liban, du jeudi 25 au dimanche 28 octobre derniers. L'objet de cette mission était de réaffirmer notre soutien aux autorités libanaises ; c'est la raison pour laquelle elle était composée des présidents, de sénateurs et de députés des deux commissions des affaires étrangères. À l'exception du patriarche maronite qui était absent, nous avons rencontré toutes les autorités du pays : le président de la République, M. Michel Aoun, le président du Conseil des ministres, M. Saad Hariri, le président de l'Assemblée nationale, M. Nabih Berri, ainsi que le président de la commission des affaires étrangères, M. Yassine Jaber, et des parlementaires de tous les groupes politiques.
Nous nous sommes rendus sur la blue line, dans le Sud du pays, afin d'apporter notre soutien au contingent français de la FINUL, composé de 700 soldats. Nous avons également visité un campement de réfugiés informel installé dans la région, qui accueille des Syriens en provenance d'Idlib.
Le Liban se trouve dans une situation compliquée : son gouvernement n'a toujours pas été formé - alors que les ministres devaient être nommés dimanche dernier selon le président de la République - ; par conséquent, en l'absence de ministres, les financements de la Conférence « Cèdre » initiée par la France pour aider le pays à entreprendre des réformes économiques pour faire face à la crise qu'il traverse, peuvent difficilement être mobilisés. Ce blocage n'incite pas à l'optimisme sur la situation dans laquelle se trouve le Liban.
Lors de la rencontre avec la commission des affaires étrangères du Parlement libanais était présent un député du parti Hezbollah. À la suite de notre entretien, ce député a déclaré à la presse que nous aurions fait des déclarations sur les forces militaires libanaises, ce qui était évidemment faux ! D'après nos entretiens, le Hezbollah est certes toujours conseillé et coordonné par l'Iran, mais essaye aujourd'hui de trouver son autonomie afin de devenir une force politique au Liban - ce parti a d'ailleurs déjà participé au gouvernement et sera représenté dans le prochain. La fraction armée du Hezbollah est toujours classée comme organisation terroriste, mais le parti a contribué à l'élection de Michel Aoun à la tête du pays. Il est important de se rendre sur place afin de mieux appréhender la situation libanaise, plus complexe que les analyses en France ne le laissent supposer. Toutefois, de là à dire que le Hezbollah deviendra un parti respectueux de l'autonomie du Liban, il y a un pas que je ne franchirai pas ! La vie politique libanaise est d'une grande complexité !