Intervention de Christian Cambon

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 24 octobre 2018 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Audition du général philippe lavigne chef d'état-major de l'armée de l'air

Photo de Christian CambonChristian Cambon, président :

Mon Général, je suis heureux de vous accueillir pour votre première audition devant la Commission depuis votre nomination le 31 août 2018.

La loi de programmation militaire 2019-2025 n'a pas tout résolu, mais elle est allée dans le bon sens, celui d'une remontée en puissance des moyens des armées. Le Sénat se montrera vigilant sur son exécution, dont le projet de loi de finances pour 2019 est la première étape.

La LPM prévoit des livraisons de grands programmes structurants pour l'Armée de l'air : le MRTT Phénix dont le premier a été livré à Istres, vendredi dernier et j'ai pu assister à cette présentation avec plusieurs collègues, la remontée en puissance de notre flotte de transport tactique (A400M, C130), s'agissant de l'aviation de combat, la rénovation des Mirages 2000D et, à partir de 2022, la reprise des livraisons de Rafale, y compris la préparation du standard F4 de cet appareil. Enfin, un effort pour le renseignement avec la livraison et la commande de systèmes de drones Reaper, pour n'en citer que quelques-uns.

La LPM prévoit également le lancement d'études sur le futur missile « ASN4G » pour moderniser la dissuasion et sur le système de combat aérien du futur, dans le cadre d'une coopération européenne à l'horizon post 2035. Sur ce dernier point, nous avons récemment échangé avec les parlementaires allemands : nos visions divergent quelque peu sur le partage des retombées industrielles et sur l'exportation. Quelle est votre appréciation ?

En dehors des programmes d'équipements, ce PLF 2019 est-il satisfaisant pour les infrastructures et le soutien, notamment le maintien en condition opérationnelle ? L'amélioration de la disponibilité des flottes avec la réforme du MCO aéronautique et la création de la DMAé est-elle d'ores et déjà sensible ?

Le volet RH est sans doute le plus critique. L'Armée de l'air a absorbé 50% des déflations d'effectifs de la précédente LPM. Le renouvellement du personnel dans certaines spécialités est difficile. Le recrutement et la fidélisation deviennent des enjeux. Dans le même temps il faut couvrir des besoins nouveaux. C'est, je le sais, votre préoccupation n°1, vous nous direz vos attentes en ce domaine.

Dans le contexte stratégique actuel, vous nous direz si vous prévoyez une diminution des engagements de l'Armée de l'air en OPEX, notamment au Levant. Comment conserver une supériorité aérienne face aux systèmes défensifs -d'anti accès- qui se perfectionnent et se multiplient ? Dans l'avenir, je reste préoccupé par les signes d'une militarisation de l'espace. Vous nous direz sur ces différents sujets ce que l'Armée de l'air a mis en place pour évaluer ces menaces.

Général Philippe Lavigne, chef d'état-major de l'Armée de l'air.- Je suis très heureux de venir à votre rencontre pour cette première audition en tant que chef d'état-major de l'Armée de l'air. Vous le savez, l'Armée de l'air est une armée au service des opérations, une armée entièrement tournée vers la défense et la sécurité Français. Elle est aussi une grande famille ! Une famille composée d'aviateurs, qui détiennent la clé de nos succès en opération. Une famille dans laquelle vous devez vous sentir chez vous. Aussi, les portes de nos bases aériennes vous sont grandes ouvertes. C'est là que bat le pouls de l'Armée de l'air... on y voit toutes les spécialités d'aviateurs, on y sent la poudre et le kérosène et on vibre au son des décollages des avions !...

Je souhaite d'ailleurs vous remercier des travaux que vous avez menés dans le cadre de la récente loi de programmation militaire... et du rôle du Sénat en particulier. Nous avons une LPM qui permet d'innover, de renouveler nos équipements, de se préparer aux conflits à venir, et surtout...une LPM à hauteur d'homme. C'est très important de pouvoir compter sur la représentation nationale pour faire ce lien si essentiel et si précieux entre notre armée et les Français. Grace à cette LPM de remontée en puissance, je suis heureux de pouvoir annoncer aux aviateurs qu'ils peuvent aborder l'avenir avec optimisme et confiance.

Aussi je développerai mon intervention en trois temps : d'abord je partagerai avec vous ce que j'estime être l'état des lieux de l'Armée de l'air au moment de ma prise de fonctions, puis je vous livrerai les premières orientations de mon plan de vol, c'est-à-dire mon plan stratégique pour l'armée de l'air, enfin, je reviendrai sur l'exercice budgétaire à venir, dans le cadre du PLF2019.

Comme je l'évoquais, dès ma prise de fonction, j'ai souhaité un plan stratégique pour l'Armée de l'air. Mon prédécesseur, le général Lanata, avait initié une large consultation des aviateurs, sur les bases aériennes et dans les états-majors. Cela a permis de tirer un état des lieux assez précis. Il en ressort le constat suivant : après 10 années difficiles, les aviateurs sont engagés et motivés, mais certains semblent un peu perdus. La complexité des processus et le manque de moyens a parfois induit un manque de repères, surtout chez les plus jeunes. Aussi, les aviateurs ont besoin : d'une armée de l'air soudée, à la cohésion renforcée, de simplifier les processus, de plus de subsidiarité et de commandement à tous les niveaux. Ils ont aussi besoin de plus de place à l'innovation, notamment au niveau local. Surtout, alors qu'un nombre croissant d'acteurs utilisent la 3ème dimension, les aviateurs veulent voir leur rôle de référent du domaine aérospatial s'affirmer davantage.

Dans le domaine des opérations, j'observe une contestation croissante des espaces aériens et spatiaux, et une généralisation du déni d'accès. C'est un vrai motif de préoccupation, en tant que conseiller air du CEMA car cette tendance, qui va de pair avec le réarmement des Etats puissances, est de nature à, dès aujourd'hui, nous priver de notre liberté d'action militaire. A titre d'exemple, cette année en Syrie, 3 avions de chasse et un nombre significatif de drones ont été abattus. Et nous opérons au Levant quotidiennement depuis 4 ans ! Nos avions évoluent à proximité immédiate de systèmes sol/air et d'avions de chasse russes et syriens de dernière génération. Des moyens de guerre électronique brouillent les drones de la coalition, nos armements guidés GPS et les systèmes d'arme et de navigation de nos aéronefs ! Nous avons bien pris en compte cette menace lors de la préparation du raid Hamilton. Si on n'y prend pas garde, j'estime qu'il y a un vrai risque à se retrouver privés de notre liberté d'action, et même à voir certains rapports de force s'inverser. Le Field Marshall Montgomery rappelait, au cours de la 2ème guerre mondiale : « si vous perdez la guerre dans les airs, vous perdrez la guerre, et vous la perdrez vite ». Il faut en être convaincu : la liberté d'action dans le domaine aérien est un préalable à notre protection, ainsi qu'à toute liberté d'action militaire, en l'air, à terre comme en mer.

Cela vaut aussi pour l'espace ! La Ministre des Armées l'a rappelé récemment dans son discours au CNES à Toulouse. Elle a donné l'exemple du satellite russe Luch-Olymp qui s'est rapproché excessivement de notre satellite de communications militaires sécurisées Athena-Fidus, dans une manoeuvre inamicale qui s'apparente d'espionnage ! Je crois pouvoir dire aujourd'hui, comme Montgomery à l'époque, que si nous perdons la guerre dans l'espace, nous perdrons la guerre tout court !

Quels sont les enjeux pour l'Armée de l'air ?

Le premier est de rester au rendez-vous des opérations. Je vous l'ai dit, nous avons une armée de l'air au service des opérations. C'est notre raison d'être. Et nous avons jusqu'ici une armée de l'air qui gagne. J'estime qu'il faut en permanence nous adapter pour conserver cet avantage, à la fois vis-à-vis de nos ennemis mais aussi de nos partenaires et compétiteurs stratégiques. Le déni d'accès et la contestation des espaces augmentent. De nouveaux champs de conflictualité s'ouvrent, en premier lieu desquels figurent l'espace et le cyber. Nos ennemis comme nos partenaires se modernisent. Nos alliances et la cohésion entre européens sont remises en cause.

Le second enjeu, ce sont nos ressources humaines. L'aviateur est à la fois le pilier sur lequel repose l'ensemble de nos succès opérationnels, celui qui met en oeuvre et vit notre transformation et aussi celui qui prépare l'avenir ... et il est aussi soumis à de fortes tensions. Il constitue une richesse rare et convoitée dans un secteur civil très compétitif, et qui est aujourd'hui fragilisée.

Pour faire face à ces enjeux, et répondre tant aux attentes des aviateurs qu'au besoin des opérations, je m'apprête à lancer un plan stratégique pour l'Armée de l'air. Il s'appellera « plan de vol », et s'appuiera et s'alimentera du contexte très favorable de remontée en puissance prévu par la loi de programmation militaire.

Je le résume en deux phrases : « Je veux une Armée de l'air agile, moteur en Europe, qui gagne et conserve sa supériorité en opération. Et je veux une Armée de l'air soudée et enthousiaste, qui s'appuie sur des aviateurs experts du domaine aérospatial »

Je vois ce plan de vol se décliner en 4 axes d'effort dont je souhaiterais partager avec vous quelques focus d'intérêt.

Le premier axe, c'est la puissance aérospatiale. Vous l'aurez compris, l'enjeu est de conserver l'avantage en opérations. La revue stratégique précise deux types de menaces : d'un côté les Etats puissances, de l'autre le fait non étatique, qui prend la forme du terrorisme, de l'immigration clandestine ou encore de catastrophes humanitaires... J'estime qu'aujourd'hui, même si nous restons sous la menace permanente du terrorisme, ce qui doit appeler notre attention, et donc structurer notre préparation opérationnelle et notre préparation de l'avenir, c'est la résurgence de la force, utilisée de façon décomplexée par des Etats. C'est pourquoi j'attache une attention particulière à ce que l'on conserve la supériorité aérienne et spatiale.

C'est pourquoi la modernisation de notre composante nucléaire aéroportée est si essentielle. Vous le savez, celle-ci s'appuie sur le triptyque avion de chasse - missile - avion de ravitaillement en vol. Ce triptyque va être rénové. Nous avons retiré du service le M2000N fin juin et sommes passés depuis au tout Rafale. Le premier des 15 avions de ravitaillement en vol A330 Phénix est arrivé vendredi à Istres. La rénovation à mi-vie du missile ASMPa est prévue dans la LPM, ainsi que les études sur le nouveau missile ASN4G. Cette modernisation permettra non seulement de conserver un avantage sur les systèmes de défense adverses, mais aussi de renforcer notre crédibilité dans le dialogue dissuasif.

Au passage, je souligne que ces évolutions bénéficieront à la dissuasion, mais aussi à l'ensemble des missions conventionnelles que nous conduisons quotidiennement, comme au Levant par exemple. Dans ce cadre, l'apport des nouveaux standards Rafale, des radars à antenne active, des missiles de supériorité aérienne METEOR, et du système de combat aérien futur constitueront de véritables game changers dans nos opérations. Par ailleurs, la masse compte, et le nombre d'avions de chasse polyvalents aussi. Tout comme la préparation opérationnelle. Il faut maintenir notre participation à de grands exercices, notamment pour s'entraîner à l'entrée en premier. Et nous allons innover... avec un recours accru aux liaisons de données et à la simulation distribuée. Il faut aussi sécuriser le maillage de nos radars de détection, si nécessaires pour garantir la souveraineté de notre espace aérien...

Je souhaite aussi être force de proposition sur l'espace. D'abord en raison des responsabilités qui sont confiées à l'Armée de l'air en matière de surveillance de l'espace et d'alerte aux populations face à un danger spatial inopiné. Cette mission, prévue par le code de la Défense, est pilotée depuis plus de 10 ans par le « commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes » au sein du « centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux ». Elle s'appuie notamment sur les radars de détection des orbites basses GRAVES et les radars de trajectographie SATAM.

Ensuite, parce l'Armée de l'air participe, avec d'autres, à la mise en oeuvre des satellites d'observation de la terre. Grace à son « centre militaire d'observation par satellite », nous garantissons la fourniture de l'imagerie satellitaire au profit de l'ensemble du ministère, selon les priorités fixées dans les besoins en renseignement ou en produits géographiques. Enfin, l'Armée de l'air a fortement investi le domaine espace, et dispose aujourd'hui de nombreux atouts à valoriser, notamment un personnel motivé, passionné et volontaire, dont la totalité des officiers sont formés à l'espace, dès l'école de l'air de Salon de Provence. Un chiffre : deux tiers des militaires spécialistes espace des armées sont des aviateurs. Nous avons donc acquis en 10 ans une solide expérience et une expertise reconnue, qui nous semble d'autant plus naturelle que l'espace est pour l'aviateur la prolongation naturelle du milieu aérien. Ce n'est donc pas un hasard si parmi les spationautes français on compte quatre officiers de l'Armée de l'air.

Enfin, au niveau interministériel, je souhaite porter dans mon plan de vol le sujet de l'action aérospatiale de l'Etat - dit autrement, « l'action de l'Etat en l'air » par analogie à l'action de l'Etat en Mer. En effet, un grand nombre d'acteurs utilisent et exploitent la 3ème dimension...et ce nombre va aller croissant. Si l'Etat a besoin d'utiliser l'air face à une catastrophe, son action doit être réactive et efficace. Or l'Armée de l'air, en tant que référent de la 3ème dimension, est reconnue primo-intervenant en cas de crises sur le territoire national pour ce qui concerne la gestion de l'espace aérien et la coordination des moyens aériens de l'Etat dans la 3éme dimension. Aussi, je souhaite proposer un mode de fonctionnement, à partir de l'air, qui permettrait d'apporter des réponses adaptées aux défis que pose l'augmentation exponentielle des acteurs de tous types dans la 3ème dimension comme l'emploi de drones et de mini-drones ou l'augmentation des flux du trafic aérien ou encore l'ouverture au trafic spatial. Aujourd'hui, il n'y a guère que le centre national des opérations aériennes de Lyon Mont Verdun, comme seul organisme étatique à disposer d'une vision globale des moyens aériens disponibles de l'Etat et qui dispose des contacts avec tous les interlocuteurs interministériels et opérateurs aériens civils.

J'aborde maintenant le deuxième axe. Pour assoir cette puissance aérospatiale, je m'appuie sur les aviateurs. Or l'enjeu est d'attirer et surtout de fidéliser le personnel. Cela suppose un métier intéressant, des outils modernes, une préparation opérationnelle de qualité, et de bonnes conditions de vie et de travail. La loi de programmation militaire, que notre Ministre des Armées a voulu à hauteur d'homme, et qui permet une modernisation déjà visible sur certaines bases aériennes, nous donne un cadre très favorable à l'atteinte de cet objectif. Je m'inscris par ailleurs totalement dans la vision stratégique du CEMA, sur la singularité militaire, et partage ses objectifs de durcir, unifier et attirer. En particulier, je veux plus de commandement, plus de subsidiarité et un rapprochement des soutiens aux forces, autour d'objectifs partagés centrés sur la réalisation de nos missions opérationnelles.

Par ailleurs, je souhaite donner plus de transparence aux aviateurs, dans la gestion de leur carrière. A cet effet, je viens de signer une nouvelle politique des ressources humaines de l'Armée de l'air. Celle-ci prévoit d'exploiter la puissance de la digitalisation au service d'une gestion RH plus transparente... et la bascule d'une gestion de flux à une gestion de compétences. Chaque aviateur et chaque acteur RH pourront interagir, c'est-à-dire élaborer les meilleures voies pour répondre aux besoins de compétences de l'Armée de l'air dans le respect des aspirations de chacun. Enfin, je veux libérer les énergies, favoriser la prise d'initiative et faire de l'aviateur un acteur à part entière de nos succès en opération bien sûr, de notre expertise de milieu ensuite, de notre transformation...et de son propre parcours.

Le troisième axe est de disposer d'une Armée de l'air agile. A mi-chemin entre l'enjeu des opérations et celui des ressources humaines se situe pour moi un défi important, celui de mettre en oeuvre les nouvelles capacités que la LPM m'offre. Avec Mme la Ministre, nous avons accueilli vendredi à Istres le 1er A330 Phénix et début octobre à Cognac le premier avion d'entraînement PC21. Cet avion, son système d'arme et ses capacités d'entraînement et de simulation embarqués et virtuels modernisera la formation de nos équipages et contribuera à l'attractivité de la filière. Je réfléchis d'ailleurs à moderniser l'ensemble de la formation des pilotes, du vol à voile à l'arrivée dans les escadrons de combat (chasse ou transport). Je ne détaille pas l'ensemble des nouvelles capacités qui arrivent dans la LPM, mais elles sont nombreuses : arrivée des capacités tactiques de l'A400M, ravitaillement en vol de nos hélicoptères Caracal sur KC130J, nouveaux armements et pods de désignation laser sur Rafale F3R, rénovation du M2000D... L'arrivée de ces nouvelles flottes va véritablement faire changer d'échelle notre aviation : +70% de capacité transport d'ici 2025, doublement de nos capacités des drones d'ici 2020, lesquels seront armés, accueil du premier avion léger de surveillance et de reconnaissance.

Dans le même temps, nous préparerons l'avenir, et favoriserons l'innovation à tous niveaux, que ce soit dans les domaines technologiques, opérationnels ou du quotidien. C'est tout le sens des travaux en cours notamment sur le système de combat aérien futur. Nous visions à garantir, à un horizon de 20 ans et grâce au combat collaboratif connecté, notre supériorité aérienne et spatiale ainsi que la mission de dissuasion.

Enfin, quatrième et dernier axe : disposer d'une Armée de l'air connectée. Quand je dis « connectée », je pense en particulier à l'international, à la société et à la jeunesse.

A l'international, je suis convaincu qu'il faut continuer à développer les coopérations, en priorité dans les domaines où nous en avons le plus besoin. La position de la France, son aptitude à s'engager et à exercer des responsabilités internationales, conduisent naturellement l'Armée de l'air, elle-même dotée d'un large spectre de capacités et d'une forte crédibilité opérationnelle, à jouer un rôle d'entraînement en Europe. C'est pourquoi nous travaillerons, avec nos partenaires, sur les sujets d'interopérabilité, de formation, d'emploi opérationnel ou de construction et partage de capacités. Cet été, nous avons par exemple réalisé la mission PEGASE de projection de puissance en Asie du Sud-Est. Cela a été l'occasion d'opérer avec les pays de la région, de démontrer notre solidarité face à la catastrophe naturelle en Indonésie, et notre capacité de projection de force et de puissance. C'était aussi l'occasion de faire passer un message fort aux Ultra-Marins : l'Armée de l'air est là pour protéger tous les Français, où qu'ils soient!

Enfin, je crois beaucoup à ce que les armées et l'Armée de l'air en particulier peuvent apporter à notre jeunesse. Et l'engagement pour la jeunesse constitue un axe d'effort important et permanent de l'Armée de l'air afin d'entretenir l'esprit de défense et de fortifier le lien Armée-Nation. Pour accomplir cette mission, l'Armée de l'air a décliné le plan Armées jeunesse en plan Air Jeunesse. Celui-ci s'appuie sur : des dispositifs issus du plan égalité des chances (cadets de la Défense, tutorat ou classes de défenses et de sécurité globales par exemple), complétés d'actions développées par l'Armée de l'air (brevet d'initiation aéronautique, cadets de l'Armée de l'air, service militaire volontaire ou volontaires aspirants en année de césure...). L'éventail des dispositifs s'inscrit dans une offre attractive et diversifiée. Mais je crois qu'il reste encore des pistes à explorer pour accompagner cette jeunesse au travers de l'émerveillement que leur suscite l'aéronautique. Si je regarde par exemple ce que font nos amis britanniques avec leur RAF Cadets : ce sont 30 000 à 50 000 jeunes d'une classe d'âge qui, chaque année, conduisent dès l'âge de 12 ans des activités aéronautiques, de vol, sportives, et qui font des camps au sein de 1 000 escadrons d'ancrage local dans la Royal air force. Je souhaite proposer une organisation inspirée de ce modèle, qui pourrait s'appuyer notamment sur des encadrants volontaires, dans leur temps d'engagement que prévoit la 2ème phase du SNU. Je ne perds pas de vue que cette jeunesse constitue aussi une opportunité de recrutement !

Je finirai avec une appréciation sur le PLF 2019 : il permet d'aborder le travail de régénération et de modernisation de l'Armée de l'air.

S'agissant d'équipement, le plan de commandes/livraisons est conforme à ce qui est prévu en LPM, avec notamment les livraisons suivantes : en matière de commandement et surveillance : 1 ALSR, 2 systèmes de drones Reaper et 2 radars GM200, en matière de projection et de mobilité: 1 MRTT, 1 A400M, 2 KC-130J ravitailleurs et 1 avion C-130H modernisé, en matière de formation : 9 PC21, en complément des 8 livrés cette année, et en matière d'Engagement et de combat : 10 Pods de désignation laser PDL NG-TALIOS et 31 missiles air/air METEOR. Mes points d'attention portent sur la rénovation des 3 radars SATAM de trajectographie pour la surveillance de l'espace et le re-complétement du Caracal détruit en opération

En matière d'effectifs, nous recevrons 98 droits supplémentaires, au titre de notre montée en puissance en matière de renseignement (ALSR/Reaper) et du SOUTEX.

En ce qui concerne l'activité, notre ressource est de 4 329 millions d'euros en AE et de 2 321 millions d'euros en CP, hors surcouts OPEX et ressources extrabudgétaires. Cela permettra de couvrir 95% de nos besoins en AE, et de réaliser une activité individuelle par équipage stable par rapport à 2018 - voire en légère augmentation en ce qui concerne le transport. Notez également que ce fort volume d'AE permet d'amorcer la nouvelle politique contractuelle de la DMAé pour aller vers des contrats globaux. La ressource permet donc d'accompagner les efforts pour améliorer la disponibilité des flottes.

Évidemment, la fin de gestion 2018 conditionnera les conditions d'entrée de la 1ère année de la LPM. Nous avons donc besoin de la levée de la réserve et d'une couverture des surcoûts OPEX-MISSINT.

En conclusion nous sommes dans une période favorable que nous n'avions pas connue depuis bien des années. Je suis conscient de cette chance, et vous assure que nous saurons bien employer les moyens mis à notre disposition au service des opérations. Je m'y engage et vous remercie de votre attention.

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