Vous souhaitez une Armée de l'air soudée et confiante. La confiance se gagne souvent dans les détails. Il y a des problèmes au niveau de l'habillement. Le taux de satisfaction est de 20% avec des ruptures de stocks fréquentes et des difficultés à fournir le paquetage aux nouveaux engagés, mais aussi à des problèmes de marché et de faillites d'entreprises. Qu'envisagez-vous pour remédier à ces difficultés ?
Général Philippe Lavigne.- Le MCO est essentiel, et nous sommes mobilisés derrière la DMAé. Le budget prévoit une augmentation de l'entretien programmé des matériels (EPM) de +9% en 2019, et +33% sur la LPM. Nous voyons d'ailleurs les premiers résultats sur l'A400M. Donc nous sommes assez confiants sur la question du MCO.
Sur l'ACCS, nous avons effectivement pris du retard. Nous avons insisté pour tenir certaines échéances sur ce programme. Au cours des années qui viennent, et jusqu'en 2022, nous aurons tout un mouvement de déploiement des nouveaux radars 406, 403 et 200. Donc nous maintenons le STRIDA dans l'attente de l'achèvement du programme ACCS. Par ailleurs, nous développons la coopération européenne en matière d'échanges de partage de données radars, avec l'Espagne notamment, et plus récemment avec l'Allemagne.
Je ne ferai pas de commentaires sur l'éventuel choix belge en matière d'avion de combat. En tous les cas, nous ferons le SCAF a minima avec les Allemands. Par ailleurs, nous avons développé le Trilateral Strategic Initiative, avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni, ce qui nous permet de de développer notre interopérabilité en nous entraînant au meilleur niveau avec nos alliés. Cela nous permet de conserver notre capacité d'entrer en premier, et de lutter contre les stratégies de déni d'accès. Je note d'ailleurs au passage que le Rafale est un des meilleurs avions de combat au monde.
Sur le spatial, je ne peux en dire beaucoup plus à ce stade. L'Armée de l'air a des capacités qui vont contribuer à la politique militaire spatiale évoquée par le Président de la République dès le 13 juillet dernier. Nous avons mis en place un groupe de travail sur ce sujet, qui devrait présenter ses conclusions à la fin de l'année. Il y a les opérations depuis l'espace, et le développement plus récemment par certains Etats d'opérations inamicales dans l'espace, auxquelles il va falloir réagir.
Par rapport au risque cyber, la responsabilité est d'abord portée par le commandement interarmées de cyber défense. Néanmoins, l'armée de l'air dispose d'une unité sur la base aérienne de Mont-de-Marsan, en charge de la lutte informatique défensive pour les besoins spécifiques de l'armée de l'air. Je vous invite à venir la visiter. Nous avons des systèmes qu'il nous revient de protéger, tout cela s'inscrivant dans le cadre global défini par le commandement de cyberdéfense.
Sur le déni d'accès, nous avons plusieurs réponses : le SCAF ; le futur missile de croisière que nous développons avec les Britanniques ; le fait de disposer d'un avion de supériorité aérienne, comme c'est le cas actuellement du Rafale ; de nouveaux radars actifs, qui correspondent aux caractéristique du nouveau missile de supériorité aérienne Météor ; et de futurs équipements de guerre électromagnétique, comme le CUGE.
Concernant l'implication allemande dans le SCAF, elle est forte, pour nous permettre de faire face conjointement aux menaces que nous rencontrerons à l'horizon 2040.
Pour ce qui est enfin de l'habillement, son achat ne relève pas directement de ma compétence. En revanche je suis responsable du moral des aviateurs. Et je reconnais que c'est un problème. C'est pourquoi je suis très attentif à ce sujet. Cela étant, je peux témoigner que, depuis mon entrée dans l'Armée de l'air, la qualité de l'habillement s'est bien accrue.