En tant que président, je dirai que nous allons être souvent confrontés au type de difficultés que nous voyons aujourd'hui : nous sommes un office parlementaire dont la vocation est d'évaluer les choix scientifiques et technologiques, mais nous sommes nous-mêmes individuellement des parlementaires et ne pouvons restreindre nos sujets de travail à leur seule dimension scientifique.
C'est pourquoi il me semble qu'au début de cette note, ajouter une présentation du contexte politique, sans aucune prise de parti, avant d'en venir aux aspects scientifiques, serait bienvenu. Pour prendre un exemple, je dirais que, comme Émilie Cariou, je suis un élu rural et pour un élu rural, la forêt constitue un enjeu particulier : en Europe, les paysans n'ont eu de cesse de conquérir la terre pour y développer des cultures plus intéressantes que la forêt. La terre était un bien rare, sa quête explique d'ailleurs les guerres territoriales ou la colonisation. Aujourd'hui, nous sommes dans un cas de figure complètement différent : l'espace des autres pays préoccupe le monde entier et en particulier, ceux qui n'ont pas du tout les problèmes des habitants de ces espaces-là. Je dois signaler que, sur le sujet qui nous occupe, en tout cas s'agissant de la Malaisie, ma soeur aînée vit en Malaisie depuis 40 ans et défend en permanence la forêt primaire, sujet dont elle est spécialiste. Aussi est-elle hostile à l'huile de palme. En sens contraire, un ancien beau-frère est, lui, propriétaire de plantations de caoutchouc et d'huile de palme en Malaisie. Les repas de famille sont difficiles... Pour éviter de les transposer ici dans notre office parlementaire, une présentation du contexte politique permettrait de souligner que nous ne méconnaissons pas l'intérêt des agriculteurs français qui défendent les agrocarburants français et qui, s'ils se divisent entre la filière du colza ou celle du bioéthanol, se retrouvent unis en général contre l'importation d'huile de palme. Sur les aspects nutritionnels que Catherine Procaccia connaît bien mieux que moi, là aussi l'huile de palme est un sujet de polémiques, qu'il convient de rappeler. Enfin, indépendamment de la question de la pression démographique, l'huile de palme est également au centre du sujet de la déforestation. Quoi qu'il en soit, on ne peut pas examiner avec sérénité un sujet tel que celui-ci si on ne le contextualise pas.