Merci, madame la présidente. Je préside Regards de Femmes, une ONG dont le siège se trouve à Lyon. Je suis également coordinatrice pour le Réseau francophone pour l'égalité femmes-hommes dans toute l'Europe de l'Ouest.
J'ai eu le privilège et la chance d'être présente en 2012 lorsque la première Journée internationale de la fille a été organisée à New York aux Nations Unies. À côté de Michelle Bachelet, Desmond Tutu avait présenté son ambitieux programme « Fille, pas épouse »25(*). J'étais déjà intervenue sur une thématique importante de Regards de Femmes, la déclaration des naissances. Nous travaillons sur ce sujet avec l'UNICEF et je suis ravie que Claudine Lepage ait évoqué cette question. En effet, de quelle manière pouvons-nous lutter contre le mariage précoce si nous ne connaissons pas l'âge de l'enfant ? Il y a quelques dizaines d'années, il était possible de vivre dans des régions reculées sans état civil, mais cela n'est plus possible aujourd'hui. Une personne qui n'est pas déclarée à l'état civil se trouve exposée à toutes les formes de trafic. En outre, elle ne peut accéder à l'éducation secondaire.
Je salue d'ailleurs le travail mené en Côte d'Ivoire, où nous intervenons aux côtés du gouvernement. En un an, il a été possible de reconnaître 1,2 million d'enfants. Ce chiffre nous montre bien que, si un gouvernement est mobilisé, des changements sont possibles. J'aimerais également rappeler l'immense action menée par l'Association des femmes africaines pour la recherche et le développement (AFARD). Cette association a développé un programme au Mali, au Niger et au Togo.
Pour reprendre la question de Laurence Rossignol, je rappelle qu'un argument qui nous est souvent opposé consiste à dire qu'un homme, s'il veut être reconnu, doit donner sa fille en mariage à neuf ans, comme le Prophète. Nous menons des campagnes sur place avec les associations de terrain, mais certains discours persistent et affirment qu'une fille qui se marie passé un certain âge est indésirable. Il me semble donc extrêmement important de prendre la mesure de ce combat fondamental contre les mariages et les grossesses précoces. Nous souhaitons que soit instauré dans les pays concernés un âge minimum légal du mariage, ce qui faciliterait aussi ultérieurement les situations de divorce ou de veuvage. La déclaration des naissances nous permettra donc de résoudre un grand nombre de problèmes.
Je me félicite qu'une journée comme aujourd'hui nous aide à avancer.