Il est vrai que les parents n'imaginent pas forcément ce que leur fille mariée vit au quotidien. Il est donc indispensable de les informer suffisamment.
En outre, j'ai grandi dans la communauté qui m'a éduquée. Ce que l'on attendait de moi, c'était que je revienne prendre soin de ma famille. Ma communauté exigeait que je vive pour elle. Mais j'ai réalisé que j'étais une personne et que je méritais une vie pour moi. De plus, il est très difficile au Bénin de parler d'une autre famille. Les parents estiment que la situation de leurs voisins ne les concerne pas. Ils ferment les yeux. Nous avons une culture du silence, et pour cette raison nous ne savons pas ce qui se passe dans les familles.
Évidemment, notre communauté compte des personnes qui sont engagées et déterminées. La crainte de laisser les filles être éduquées par la communauté repose sur le fait que les valeurs de la communauté ne sont pas toujours clairement définies. Il faut donc s'assurer que ces valeurs permettront aux filles de vivre une vie épanouie. Mais nous ne pouvons jamais en être sûrs. Les populations n'ont pas encore suffisamment évolué. Elles ont besoin que quelqu'un les projette dans une autre réalité, car elles veulent changer. Nous ne les blâmons pas, car elles reproduisent ce qu'elles ont vécu.
Je vais finir en disant que les jeunes filles méritent vraiment de vivre une vie épanouie, pour elles-mêmes. Il faut leur offrir une vie de lumière.