Je partage l'avis du rapporteur. Le budget de la justice, plus encore que celui alloué à la sécurité, n'est pas à la hauteur. Le Gouvernement souligne que ces deux budgets sont en augmentation, et c'est exact, mais ils ont été tellement sous-dimensionnés pendant longtemps que ce budget n'opère pas le rattrapage qui aurait été nécessaire. Les effectifs de la justice sont insuffisants : rapporté au nombre d'habitants, le nombre de magistrats et de greffiers est très en deçà de ce que font des États comme l'Allemagne ou le Royaume-Uni. On ne peut pas se contenter d'une hausse aussi faible que celle proposée par ce budget.
S'agissant des créations de places en établissements pénitentiaires, à l'évidence le Président de la République sera très loin de son engagement de 15 000 nouvelles places. Là non plus, l'investissement massif qui serait nécessaire n'est pas au rendez-vous. Même en favorisant les mesures alternatives à l'emprisonnement et les peines de substitution, les incarcérations vont augmenter. Ce budget est donc insuffisant pour réduire le malaise des surveillants pénitentiaires, au moins aussi présent que chez les forces de sécurité intérieure. Il manque une véritable police pénitentiaire pour créer le lien avec les détenus et faire retomber les tensions qui partout existent. Les surveillants pénitentiaires ne sont pas armés psychologiquement et professionnellement pour affronter une telle situation. Les prisons constituent la première zone de non droit en France, plus encore que les quartiers. L'augmentation globale du budget cette année ne doit pas masquer le fait que la justice n'est pas la priorité nationale qu'elle devrait être. Je reconnais toutefois que ce problème n'est pas récent et que tous les gouvernements, de droite comme de gauche, y compris ceux que, sur ces bancs, nous avons soutenus, n'ont pas accordé à la justice les moyens nécessaires.