Je vous remercie, Monsieur le président. Nous vous proposons de redescendre vers l'opérationnel. La fédération regroupe les opérateurs nationaux de télécommunications, opérateurs grand public, d'entreprises, virtuels ou physiques. Notre enjeu consiste à accompagner les usages du grand public et des entreprises. Le contexte de la 5G s'inscrit dans une évolution sans cesse grandissante des usages, notamment concernant le mobile. Nul n'osait imaginer qu'il y aurait plus de 60 millions d'utilisateurs sur les réseaux mobiles. La plupart des usages connus à l'orée de l'an 2000 sur un ordinateur passent aujourd'hui le plus souvent par le smartphone. Cette évolution qui ne fait que s'accélérer représente un véritable défi qui suppose d'anticiper. Les investissements des opérateurs en 2017 représentent 10 milliards d'euros pour les services fixes et mobiles, dont trois milliards d'euros pour le seul mobile. Ces investissements vont s'accélérer avec l'arrivée prochaine de la 5G.
L'enjeu pour la FFT consiste à replacer la 5G dans un environnement global. L'environnement est technologique, industriel et sociétal. Les réseaux mobiles, qui font partie de la vie quotidienne, posent de nombreuses questions sociétales autour de leurs usages. L'objectif consiste à trouver l'équilibre entre développements technologiques et fonctionnement d'une société, ce qui soulève de nombreuses questions.
La priorité pour les opérateurs en matière de 5G consiste à parler de modèle économique. La période des enchères sur les fréquences 3G dans les années 2000 est très présente dans la tête des opérateurs. Il a fallu du temps pour aboutir avec la 3G+ à un service répondant au besoin des clients.
Il est important d'étudier comment accompagner la transformation initiée par tout nouveau réseau. La 5G ne remplacera pas la 4G, pas d'un coup et globalement. Il convient d'analyser là où elle apportera une valeur ajoutée. La compréhension de l'apport de la 5G est cruciale pour savoir où les investissements doivent avoir lieu. De nombreuses expérimentations sont en cours avec les opérateurs, afin d'apprendre ce qu'est la 5G, et où celle-ci pourra apporter de nouveaux services. Des expérimentations sont en cours à Bordeaux, Lyon, Villeurbanne, Lille, Nantes, Marseille et Toulouse. Les opérateurs sont pleinement engagés pour faire de la 5G un véritable succès, éviter les écueils de la 4G et faire de la 5G une nouvelle expérience intéressante. Nous voyons des bénéfices à la 5G, comme la possibilité de raisonner en classes de services. Le réseau s'adaptera ainsi à la demande.
La première priorité pour la 5G sera de désengorger le réseau, notamment dans les zones à fort trafic. La 4G a démultiplié le nombre de zones à trafic élevé. Les réseaux 4G saturent lors d'un événement sportif ou culturel, dans les gares ou les lieux qui concentrent un grand nombre de personnes à un moment donné. La 5G permettra de conserver l'expérience utilisateur avec un débit toujours plus important.
La seconde étape de la 5G permettra de transformer la société par de nouvelles fonctionnalités, dont le temps réel et la gestion des objets connectés. Le nombre actuel de 70 millions d'abonnés explosera avec la 5G. La priorité pour les opérateurs consiste à tester ces technologies, à la fois économiquement et technologiquement. Il s'agit de traduire les apports en technologies concrètes, ce qui nécessite d'apprendre. L'architecture des réseaux doit être repensée, ce qui induit un changement profond pour les opérateurs. Une nouvelle ère s'ouvre pour ces derniers.
La 5G est une promesse technologique, mais elle implique aussi d'ouvrir de nombreux chantiers pour en faire un succès. Il s'agit en premier lieu de trouver suffisamment de fréquences pour développer cette technologie et honorer les promesses de la 5G. Les fréquences se font rares en dessous de 6 gigahertz, or nous avons besoin de fréquences suffisantes pour couvrir les métropoles comme les petites villes. Nous militons pour avoir des bandes « propres » afin de répondre à toutes les promesses de la 5G. Il convient de connaître les priorités. Il faut aussi faire attention à ne pas réserver les fréquences à certains usages au détriment d'autres. La 5G est le réseau qui permet d'allouer dynamiquement les ressources. De même l'attribution de fréquences d'un point de vue géographique peut aussi constituer un écueil et être source d'inefficacité spectrale. Ce raisonnement peut différer en fonction de la nature des fréquences. En effet, les très hautes fréquences couvrent peu et permettent donc d'avoir deux utilisateurs différents dans une même zone. Nous militons pour un usage national des fréquences basses pour le cas des utilisateurs uniques.
L'enjeu majeur de la 5G consiste à participer au développement de nos sociétés industrielles et à l'amélioration de la vie quotidienne. Les enchères qui se sont déroulées récemment en Italie nous ont rappelé l'engouement que l'attribution des licences UMTS avait suscité dans les années 2000. Il faut faire attention au mirage des enchères qui apporte certes à court terme quelques milliards d'euros à l'État, mais qui n'est pas forcément le meilleur moyen de s'assurer que les fréquences seront utilisées pour de bons usages, notamment pour le développement des industries et les loisirs des particuliers. L'appel à candidatures doit permettre de privilégier l'investissement et le développement des services, plutôt que les seules ressources de l'État. En conclusion, une vision commune autour du développement de la 5G est fondamentale.
La 5G impose aussi de réfléchir aux modalités de déploiement. Le déploiement des antennes nécessitera des procédures administratives. La manière d'intégrer ces développements dans le respect des règles nationales et locales sera très importante. Ce travail a été mené à l'Assemblée nationale et au Sénat en amont de la 4G afin de voir comment accélérer le développement des réseaux. Le même travail devra être accompli pour le déploiement de la 5G. La fiscalité doit aussi être incitative pour développer cette technologie.
Un autre sujet important concerne l'exposition des particuliers aux ondes. Ce sujet ne doit pas être minimisé. Les opérateurs veulent instaurer un climat de confiance auprès des élus et du grand public. Le public doit comprendre quelles conséquences aura la 5G. La compréhension du sujet est très importante. Nous travaillons avec l'ANFR et l'ANSES pour comprendre ces phénomènes. Nous souhaitons que ce sujet soit pris à bras-le-corps dans une optique apaisée, en particulier dans les métropoles, pour que le déploiement de la 5G se déroule en confiance. La confiance est nécessaire pour que le grand public accompagne le déploiement et ne s'y oppose pas.
Un autre enjeu concerne la sécurité. La virtualisation des réseaux, de l'équipement de base au téléchargement d'un logiciel, engendre une architecture complètement différente des réseaux. La sécurité sera un élément clé dès la conception, en raison des millions d'objets présents sur les réseaux. Les partenaires publics doivent comprendre comment la sécurité sera traitée dans ces réseaux. C'est un travail à conduire avec l'Agence nationale de la sécurité informatique (ANSI).
Enfin, la 5G amène à collaborer avec d'autres secteurs industriels, en imposant aux télécommunications de s'intégrer plus fortement avec d'autres secteurs, notamment avec celui des transports pour le cas des véhicules connectés. Ce secteur représente un champ de travail important. Les véhicules sont de plus en plus connectés. Nous nous sommes engagés auprès de l'État à améliorer la couverture 4G sur les axes ferroviaires, routiers et autoroutiers. Cette couverture 4G élargie permettra de créer les usages du futur. Nous aurons ainsi un terreau fertile pour le développement des réseaux lorsque la 5G arrivera.
Nous travaillons avec l'ensemble des écosystèmes sur la transformation des données de sécurité, de la radio d'autoroute au système électronique des véhicules, par le réseau de télécommunications ou des antennes le long des routes et autoroutes. La rencontre entre le secteur du transport et celui des télécommunications n'est pas totalement évidente. Certains acteurs proposeront de déployer le WiFi sans nécessairement penser à l'avenir. Les choix que feront le gouvernement et la Commission européenne sur ce sujet seront très structurants. Nous développons ces technologies pour permettre la communication entre les véhicules et les infrastructures autoroutières. Un véhicule devra rester sous la couverture du réseau 5G même s'il n'est plus sur l'autoroute ou sur une route nationale, ce qui suppose que l'ensemble des services soit conçu pour pouvoir en profiter. La construction de cet écosystème est cruciale pour le succès de la 5G. Nous sommes mobilisés et il reste beaucoup à faire pour que la 5G soit un succès demain.