Tout à fait. En année pleine, nous serions à 60 millions d'euros. Assumer 40 millions d'euros de dépenses en 3 ans réclame une structure financière qui permette d'y faire face. Je le dis d'autant plus volontiers qu'il existe une grande iniquité en France dans la prise en charge financière de l'accueil MNA. Le département lyonnais, de par sa proximité avec les frontières et sa tradition d'accueil, est particulièrement sollicité.
Le troisième enjeu que je souhaite évoquer est celui du service public. Qu'est-il devenu avec la métropole ? J'ai la prétention de penser que nous réunissons les conditions pour l'améliorer, sur deux aspects.
En premier lieu, les politiques publiques ont été réécrites à l'aune de notre nouvelle cartographie de responsabilités et de compétences. Nous avons réécrit les cadres stratégiques en essayant de les enrichir des compétences. L'exemple le plus notable est évidemment la réécriture de la politique de réinsertion, dont on sait qu'elle est tirée dans les départements par le barycentre social. Lorsqu'on met l'insertion aux côtés de l'économie, qui reste la principale compétence d'une communauté, nous avons une richesse potentielle d'interactions et de projets d'actions assez incroyable. En outre, il est vrai que la métropole de Lyon a l'avantage de très bien connaître son tissu économique, pour l'aider et favoriser son expansion. Elle a pu tisser des liens pour que ce tissu prenne en compte la remise dans l'emploi des plus démunis. Ce n'est pas que de l'incantation : il s'agit d'actions et de projets précis. Nous avons, par exemple, créé la « Charte des 1 000 entreprises » pour l'insertion, dont les signataires s'engagent à remettre dans l'emploi des allocataires du RSA. Ce travail de proximité est évidemment favorisé par la forte connaissance du tissu économique lyonnais.
Bien d'autres compétences se sont enrichies en maillant les compétences des uns et des autres ; par exemple, il est clair que la compétence prévention santé, historiquement portée par le département, a considérablement enrichi des compétences régaliennes auparavant exercées par le Grand Lyon (environnement, politique déchets, qualité de l'air, notamment).
Le dernier exemple que je souhaite mentionner est celui de l'aménagement du territoire et l'urbanisme, qui sont portés structurellement par les métropoles. L'urbanisme tel qu'il était historiquement porté par le Grand Lyon était largement tourné vers l'économie et la politique de la ville. Aujourd'hui, nous espérons achever un PLUH qui a pris en compte les dimensions sociales comme nous ne l'avons jamais connu.
Enfin, le dernier point à mettre en avant dans cet enrichissement des compétences est leurs services dans les territoires. Je pense que la métropole, dans l'articulation de la territorialisation de ces politiques publiques, peut encore travailler à un atterrissage de ces politiques de manière très favorable sur les territoires. Nous avions jusqu'ici deux maillages traditionnels : un maillage départemental, plutôt tourné sur le canton, et un maillage communal que nous avons privilégié. Je pense que cette territorialisation plus coordonnée peut être un relais de qualité de service très intéressant pour les communes. Par ailleurs, nous avons passé avec chaque commune un contrat territorial des services publics, pour chercher les synergies entre les compétences communales et les compétences métropolitaines. Les communes ont une cartographie des compétences qui est très proche de celle des métropoles.
Je ne reviendrai pas sur la solidarité financière, qui est en place et qui permet aux deux collectivités de conserver une trajectoire financière intéressante. Le département du nouveau Rhône est devenu, grâce à la dotation métropolitaine, le deuxième département le plus riche de France derrière les Hauts-de-Seine.