Monsieur le président, madame la ministre, madame la présidente de la commission de la culture, mesdames, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, nous nous retrouvons ce soir pour examiner les crédits de la mission « Recherche et enseignement supérieur ».
Domaine hautement stratégique pour la France, la recherche conditionne la compétitivité de nos entreprises et la performance de notre économie. Je le dis régulièrement, elle constitue également un formidable levier de développement économique et social pour nos territoires.
L’enseignement supérieur est quant à lui cette porte ouverte sur le monde pour nos jeunes, ce guide chargé de les accompagner vers la réussite. Plus largement, il constitue le socle de la diffusion du savoir et, bien sûr, in fine, de la recherche.
On peut donc se satisfaire que la mission interministérielle « Recherche et enseignement supérieur » soit l’une des mieux préservées de ce budget 2019. Par-delà la ventilation et l’ampleur des lignes budgétaires, on retiendra que l’augmentation de ce budget est de 549 millions d’euros, pour un total de plus de 25 milliards d’euros.
L’enseignement supérieur a été marqué cette année par la mise en œuvre de la loi du 8 mars 2018 relative à l’orientation et à la réussite des étudiants. Si des cas spécifiques ont pu poser des difficultés, je veux saluer les efforts accomplis par tous les acteurs dans la mise en place de la plateforme Parcoursup, qui, pour sa première année, a donné satisfaction.
Raccourcissement du calendrier, mobilité intra-académique, ou encore présentation de l’offre de formation : plusieurs pistes d’amélioration ont déjà été envisagées. Nul doute qu’elles seront complétées par le rapport du comité éthique et scientifique de Parcoursup, qui vous sera rendu dans les prochains jours, madame la ministre.
Le programme « Formations supérieures et recherche universitaire », doté de 13, 6 milliards d’euros, enregistre une hausse non négligeable de 166 millions d’euros. Il marque ainsi la montée en puissance du plan Étudiants, dont l’objectif majeur est cher à notre commission de la culture puisqu’il s’agit de réduire l’échec en licence.
L’effort budgétaire s’accompagnera d’une amélioration incontestable des conditions de vie étudiante que nous devons souligner. Pour la première fois, le coût de la rentrée universitaire a été significativement réduit : d’une part, avec la suppression de la cotisation de 217 euros au régime de la sécurité sociale des étudiants ; d’autre part, avec le paiement à date des bourses.
Pour la première fois aussi, la contribution vie étudiante et de campus, la CVEC, a été collectée. Si notre commission a émis des réserves sur les 95 millions d’euros budgétés, je crois que nous pouvons vous faire confiance, madame la ministre, pour que l’argent de la vie étudiante reste bien à la vie étudiante dans la loi de finances rectificative pour 2019.
Il faut le reconnaître : ces changements sont loin d’être négligeables dans la vie et le budget d’un étudiant.
L’année 2019 engage par ailleurs nos universités dans une double dynamique qui doit être poursuivie : d’une part, l’affirmation de l’autonomie des établissements, de nature à garantir l’adaptation de l’offre de formation aux conditions locales ; d’autre part, l’incitation au regroupement, au sein des pôles de compétitivité, des contrats de site ou des projets de recherche collaborative.
C’est une démarche indispensable face aux nécessités du temps.
Je souscris pleinement à cette ambition qui consiste à développer le rayonnement international de nos universités, notamment au niveau européen. Le processus de Bologne a posé les bases de l’espace européen de l’enseignement supérieur, a harmonisé les systèmes nationaux et généralisé une division en trois cycles impliquant une reconnaissance réciproque des qualifications.
Le système européen des crédits favorise la dimension internationale des formations supérieures, et c’est bien. Pour autant, l’université de demain doit également mieux s’inscrire dans son environnement régional. Je pense notamment à nos universités d’outre-mer, qui ont vocation à davantage coopérer et échanger avec les pays de leur bassin géographique, au niveau aussi bien de la recherche que de l’enseignement supérieur.
J’en viens maintenant à la recherche, qui se voit, elle aussi, portée avec ambition par ce budget. En effet, les montants alloués aux programmes de recherche du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation progressent nettement par rapport à la loi de finances pour 2018, pour atteindre 8, 66 milliards d’euros en autorisations d’engagement et 8, 76 milliards d’euros en crédits de paiement.
Je voudrais particulièrement souligner l’inscription des 205 millions d’euros destinés à sécuriser le développement du lanceur Ariane 6.
Le Centre spatial guyanais, qui a opéré en septembre dernier le centième tir d’une fusée Ariane 5, devra, avec ce nouveau lanceur, relever le défi d’une concurrence internationale accrue.
Mon collègue Laurent Lafon, que je salue, que j’ai accompagné en Guyane en avril dernier, sera certainement d’accord avec moi : visiter le Centre spatial guyanais vous donne un sentiment étrange, celui que, dans un autre temps, tout n’était qu’une question de volonté. C’est un sentiment assez surréaliste, entre la technologie la plus pointue et les disparités qui existent sur le reste du territoire.
Alors, je dois le dire : lorsque les lobbies écologistes se précipitent en Guyane pour lutter contre tout projet industriel en expliquant que le territoire doit s’engager dans l’économie de la connaissance, je pense d’abord à nos 24 % de chômage et je souris avec amertume.
En effet, selon une récente étude du cabinet Deloitte commandée par le WWF, la création d’un fonds de vitalisation de la biodiversité de 100 millions d’euros pourrait générer en Guyane plus de 10 000 emplois en quinze ans.
Sur le principe, je dis oui – mille fois oui ! – à la valorisation de notre biodiversité, à une économie verte et durable en Guyane. Mais, en pratique et en réalité, où sont les investisseurs, privés comme publics, pour structurer une telle filière ? Pour cela, il faudrait une volonté forte, comparable à celle qu’a déployée le général de Gaulle lorsqu’il s’est agi d’installer le Centre spatial guyanais en 1964.