Une délégation de notre commission, composée de Franck Montaugé, Daniel Laurent, Daniel Gremillet, Cécile Cukierman, Denise Saint-Pé et moi-même, s'est rendue en Russie du 26 au 31 août. J'ai souhaité que nous vous rapportions ce que nous y avons vu et en avons retenu.
La délégation a passé trois jours à Moscou et deux jours à Saint-Pétersbourg. L'objet de la mission consistait à étudier les relations économiques bilatérales entre la Russie, l'Europe, et, singulièrement, la France, sous l'angle de l'agriculture, de l'énergie et de l'industrie.
Nous avons été partout très bien accueillis, en particulier au Conseil de la Fédération de Russie, équivalent du Sénat.
Nous avons tenu une réunion avec son comité politique et économique, sous la présidence de Dmitry Mezentsev, élu de l'île de Sakhaline, dans l'Extrême-Orient russe, personnage truculent, décoré de la légion d'honneur par le Président Jacques Chirac, et très ami avec le président Poncelet.
Quels enseignements en avons-nous retirés ? Tout d'abord, les Russes se considèrent comme un pays et un peuple européens. Ceci est extrêmement ancré dans leur culture et leur façon de voir les choses. À long terme, les échanges de biens et de services que nous entretenons avec eux devraient se développer, bien qu'ils soient aujourd'hui très freinés par les sanctions. Nos relations ont vocation à s'intensifier et la Russie doit nous fournir de l'énergie, accueillir des investisseurs, et nous devons échanger avec elle des produits industriels et agricoles.
Ces relations sont aujourd'hui extrêmement contrariées par les sanctions européennes et américaines liées aux différentes crises internationales, en particulier les crises ukrainienne et syrienne, ainsi que l'affaire Skripal, qui opposent l'Europe et les États-Unis d'une part, à la Russie d'autre part.
Les sanctions remontent à 2014, lors de la crise du Dombass et de la Crimée. Elles se sont aggravées en 2017 au moment de la crise syrienne et de l'affaire Skripal. À ce sujet, certains de nos interlocuteurs considèrent que cet espion russe vivant en Angleterre a eu ce qu'il méritait. Leur lecture est totalement différente de la lecture européenne et mondiale.
Les sanctions occidentales sont bien sûr financières, mais aussi commerciales. En représailles, la Russie a suspendu l'importation de beaucoup de produits, notamment agricoles. Il faut que l'Europe et la France, de ce point de vue, réfléchissent aux conséquences de l'extraterritorialité des sanctions américaines, car les échanges de la Russie avec les États-Unis ne représentent que 5 %, contre 45 % avec l'Union européenne.
Or les entreprises européennes appliquent les sanctions que les États-Unis ont décidées, par crainte de voir se fermer le marché américain.