Ils ne comprennent pas notre logique économique, considérant que notre énergie renouvelable est très chère à produire, alors que leur gaz ne l'est pas.
L'industrie russe, elle est dominée par le secteur énergétique. Parmi les autres secteurs importants figure également l'automobile. Un million de véhicules a été produit en 2015. 600 000 salariés russes travaillent dans les usines automobiles.
La France est le deuxième investisseur direct étranger en 2017, avec 854 millions de dollars, derrière le Royaume-Uni mais devant les États-Unis. L'automobile est l'exemple emblématique des investissements européens en Russie. 100 % de la production est sous le contrôle d'une entreprise européenne. La France est un acteur important du marché automobile russe. Nous avons eu l'occasion de visiter l'usine Renault de Moscou, qui compte 3 800 salariés. Il existe une autre usine à Togliatti, sous marque Avtovaz, que Renault a rachetée.
Renault a produit 1,7 million de véhicules entre 2005 et 2017. Sa capacité de production à terme est d'un million de véhicules par an. En Russie, Renault représentait en 2017 9 % de parts de marché. Ils fabriquent la Renault Captur, la Dacia Duster, siglée Renault, ainsi que la Nissan Terrano, et sont en train de sortir un nouveau véhicule, l'Arkana, que nous n'avons pas vu, le lancement devant avoir lieu deux jours après notre visite. L'Arkana est dédiée au marché russe.
Aujourd'hui, la robotisation des usines automobiles russes n'est pas au même niveau qu'en France, les investissements étant trop élevés par rapport au coût du travail. Ils utilisent encore de grandes pinces à soudure, et les niveaux de salaires sont peu élevés. Le ratio entre investissements robotiques et coût des salariés est en faveur des ouvriers.
Enfin, nous avons visité une horlogerie ancienne, Raketa, située à Peterhof. Cette manufacture de montres a été créée en 1721. Elle a compté jusqu'à 7 500 salariés à l'époque soviétique. L'entreprise a été reprise en 2009 par deux Français audacieux, qui ont relancé un nouveau mouvement automatique en 2014, le Raketa Avtomat. Ils utilisent des outils traditionnels extrêmement anciens. Les salariés que l'on peut y rencontrer seraient chez nous à la retraite depuis quelques années me semble-t-il.
C'est une image de l'industrie russe un peu ancienne, mais on est là dans le monde de l'excellence. Les horlogers sont aujourd'hui regroupés dans une toute petite partie de l'ancienne usine et emploient toujours les mêmes machines-outils. Ce sont les femmes qui réalisent l'assemblage des montres à la main, avec une précision étonnante.
Ces montres de luxe sont vendues dans le monde entier. L'usine compte 75 ouvriers. Nous avons été reçus par l'horloger français qui dirige cette usine assez étonnante.
Je conclurai ma présentation sur une note d'optimisme. Les relations économiques entre nos deux pays sont en voie d'intensification. Après une division par dix entre 2013 et 2015, les investissements directs étrangers reprennent.
Depuis 2010, la France est le premier ou le deuxième investisseur mondial en flux selon les années, le deuxième investisseur européen en stock après l'Allemagne. Mille entreprises françaises sont installées en Russie, ce qui fait de la France le premier employeur étranger de ce pays.
Le commerce bilatéral franco-russe repart timidement à la hausse depuis 2015, mais il existe vraiment des opportunités d'investissement et d'installation pour les sociétés françaises. Nous avons été très impressionnés par la volonté de développement de l'Oblast de Saint-Pétersbourg. Ils nous attendent. Les conditions d'accueil des entreprises françaises sont en place, qu'il s'agisse de la mobilité ou de la mode et du luxe. Ils ont des choses à dire sur ces sujets et espèrent des échanges importants avec la France. À Saint-Pétersbourg, ceux-ci ont augmenté de 18 % au premier semestre de cette année.
Même si elle traverse un ralentissement conjoncturel, l'économie russe va se renforcer durablement - et cela risque d'être sans nous ! Le pays est en train de se tourner vers l'Asie et vers les gens qui veulent travailler avec eux.
La Russie entame deux réformes importantes, mais très impopulaires. En premier lieu, Vladimir Poutine veut augmenter la durée de la vie active, en particulier chez les hommes, ce qui le fragilise. Il veut en second lieu faire passer la TVA de 18 % à 20 %. On a connu des programmes présidentiels qui ressemblaient à cela ! Le but est de réduire la dépendance des budgets publics aux hydrocarbures.
J'insiste sur le fait qu'il existe une sensibilité culturelle très proche de l'Europe. Il est pour eux naturel de se rapprocher des Européens, mais les relations avec l'Asie s'intensifient.