Intervention de Christophe Castaner

Commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale — Réunion du 4 décembre 2018 à 16h30
Manifestations à paris et dans plusieurs villes de france — Audition de Mm. Christophe Castaner ministre de l'intérieur et laurent nunez secrétaire d'état auprès du ministre de l'intérieur

Christophe Castaner , ministre :

D'abord, je voudrais qu'il n'y ait pas d'ambiguïté et pas de polémique sur le terme « échec ». Je serai prêt à prendre ma part d'un procès en échec, mais je refuse, en tant que ministre de l'intérieur, de dire à mes troupes qu'elles ont été tenues en échec quand elles se sont battues. Ici, nous sommes dans une instance politique et je comprendrais parfaitement le reproche sur la fonction politique, si vous pensez que c'est le ministre qui est à la manoeuvre. Je suis un chef qui assume ses responsabilités et qui protège toujours ses troupes.

Vous m'avez interrogé sur ce qui a pu manquer. Des moyens, oui, c'est du domaine du possible, mais aussi des interlocuteurs. Quand on évoque l'incapacité de mettre en sécurité, c'est la phase amont de la manifestation. Quand on a un interlocuteur, on organise la manifestation et on la met en sécurité. En aval, face à un conflit, un cambriolage, une émeute ou un attroupement au sens juridique du terme, c'est l'arrêt, l'interpellation, la confrontation : cela a été fait de façon systématique.

En revanche, le dispositif présentait deux fragilités.

L'une, structurelle, concerne l'évolution des moyens de nos forces de sécurité mobiles : durant ces dix dernières années, elles ont connu une très forte baisse des effectifs. J'assume ma part de responsabilité pendant cinq de ces dix années. Il y a dix ans, l'effectif des forces mobiles était de 32 000 ; aujourd'hui, il est de 26 800. Les gendarmes ont fermé 15 escadrons de gendarmerie mobile, les compagnies de CRS, pour les deux tiers, sont passées de 4 à 3 sections. Cela constitue une fragilité quand il faut répondre à toutes les attaques qui ont eu lieu sur l'ensemble du territoire. Nous avons fait le choix de ne pas dépeupler la province : c'est un arbitrage que j'assume aussi et qui implique effectivement d'anticiper ce qui n'est pas connu. L'exercice est compliqué, je ne dis pas que c'était impossible et que j'ai fait au mieux.

L'autre fragilité concerne notre process d'intervention, qui a pu manquer de mobilité par rapport aux événements que nous avons connus. Nous allons donc revoir nos modes d'action. Par exemple, nos troupes disposaient, pour se protéger physiquement, d'équipements lourds. Nous avons besoin de renforcer la mobilité, et nous le ferons pour samedi prochain.

Je ne sais pas s'il y aura une mobilisation samedi prochain et où elle aura lieu. J'ai rencontré hier les maires d'arrondissement qui m'ont fait état d'échos d'appels à la manifestation dans des arrondissements qui n'étaient jusqu'à présent pas concernés. Nous avions pourtant prévu, samedi dernier, cette mobilité : des troupes étaient mobilisées sur le site des Champs-Élysées, mais aussi en différents lieux de Paris. Tous les lieux sensibles faisaient l'objet d'un suivi de mobilisation possible.

Pour l'Arc de Triomphe, deux forces étaient mobilisées : c'est l'effectif pour les grands événements, qui rassemblent quelquefois un million de personnes sur les Champs- Élysées. Ils ont toujours su tenir ; là, ils ont été attaqués avec une violence telle qu'ils ont dû reculer six fois avant de reconquérir le lieu. Ce n'est pas un échec.

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