J'ai deux compagnies de CRS basées dans ma commune depuis longtemps. Leurs membres sont admirables de courage et épuisés, mais ils ne comprennent pas toujours la stratégie qui guide les ordres qui leur sont donnés. Plusieurs ont vécu cette journée avec un sentiment d'échec, que vous vous expliquez plutôt par la désorganisation du camp adverse, ce qui n'est pas le moindre paradoxe.
Cette journée présentait un risque important de débordements. En témoigne votre choix de filtrer l'accès aux Champs-Élysées et de protéger en priorité les institutions - l'Élysée, les ministères. Selon les informations qui nous ont été données, environ 4 000 CRS et gendarmes ont été mobilisés ; 12 000 grenades auraient été tirées, en commençant tôt le matin, ce qui n'est pas courant dans ce genre de manifestations. Pouvez-vous nous confirmer ces chiffres ?
Quelles évaluations aviez-vous sur le nombre et le profil des manifestants attendus ? Ont-elles coïncidé avec la réalité des faits ? La menace a-t-elle été sous-estimée par vos services et vos effectifs de renseignement, trop concentrés, par exemple, sur la lutte contre le terrorisme ?
Les effectifs mobiles sur le terrain étaient-ils insuffisamment nombreux par rapport aux forces statiques pour faire face aux centaines de casseurs qui ont pillé l'Arc-de-Triomphe, un symbole de la nation s'il en est, et les rues adjacentes ?
Vous avez parlé hier de doctrine en la matière, monsieur le ministre, et de dispositifs de type « fan zone ». Pensez-vous vraiment que cela était réellement adapté ? Allez-vous les changer pour l'avenir ?