À la tombée de la nuit, l'activité était très dense sur le plateau de l'Étoile et les avenues qui en partent, avec des tentatives renouvelées de nous attirer loin dans ces avenues - Foch, Wagram et Kléber notamment - en y dressant des barricades et en mettant le feu à des véhicules. Nous avons dû demander aux grands magasins de fermer. Il y a eu un rassemblement place Saint-Lazare, avec une sorte de conjonction contre-nature entre des Antifas de banlieue et des gilets jaunes arrivés depuis l'Étoile, dont un groupe de 5 000 personnes descendant à vive allure l'avenue de l'Opéra - c'était impressionnant à voir - avant de se séparer en deux rues de Rivoli. Une partie s'est dirigée au jardin des Tuileries et a essayé de forcer le barrage qui tenait le périmètre de protection des institutions, et une autre est allée à l'Hôtel de Ville et jusqu'à la place de la Bastille, tandis que d'autres manifestants essayaient de monter place de la République... Même, 200 personnes ont tenté de pénétrer au musée du Louvre, qui a dû fermer en catastrophe !
Voilà à quelle multiplicité de fronts, à quelle mobilité extrême et imprévisible, à quels comportements extrêmement violents et déterminés nos hommes ont dû faire face.