Madame Benbassa, la formation est un sujet majeur, que je dois creuser. Le chantier est ouvert, je l'assume. Les échanges que j'ai eus avec les forces mobiles montrent que la formation est d'un assez bon niveau. Votre question va dans le bon sens. Face à ces nouveaux conflits, il faut organiser une formation permanente pour pouvoir y résister.
Monsieur Leconte, la situation était extrêmement tendue à La Réunion. Le port a été débloqué ce matin ; des jeunes ont tenté de le reprendre en fin d'après-midi, mais nos forces ont résisté. Il n'y a plus de barrages actuellement ; les écoles et les commerces ont rouvert ; Air France a repris ses vols depuis ce matin, je crois. La situation est donc plutôt apaisée, et je souhaite, comme chacun d'entre nous, que cela perdure.
Des gilets jaunes nous ont fait part de menaces et certains ont demandé une protection. Nous avons constaté sur les réseaux sociaux qu'ils faisaient effectivement l'objet de menaces ; il en est de même pour de nombreux parlementaires, membres du Gouvernement ou autres représentants des institutions. À cet égard, vous avez évoqué la défiance envers les institutions. Il me faudrait plus de temps pour répondre sur ce sujet, mais je partage le mot de « défiance » face aux institutions.
Monsieur Bonnecarrère, la question de l'interdiction de la manifestation doit être posée. L'idéal est que nous puissions arrêter le dispositif si cela s'avère nécessaire et utile - je mets bien ces deux conditions - jeudi pour avoir une information suffisante. Reste la question de l'utilité d'une telle décision. Je rappelle que les manifestations précédentes étaient de fait interdites. Elles n'avaient pas été autorisées, ni même déclarées. Quelle serait l'efficacité de l'interdiction ? C'est en fonction de ces éléments de réponse que nous prendrons la décision.
Concernant les manifestations des lycéens, 734 actions ont été recensées, qui ont mobilisé 10 970 participants. Le problème de la violence que j'ai évoqué est le fruit du mimétisme, mais, qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, le mouvement n'est pas général. La mobilisation se fait sous l'autorité de chaque préfet de département, qui n'en réfère pas au ministre et mobilise les troupes en fonction de ce qu'il considère être nécessaire. Vous avez raison, c'est un élément d'épuisement supplémentaire pour nos forces de sécurité.
Madame Joissains, a été mis en place le premier jour de la manifestation un périmètre classique de protection de l'Élysée et de la place Beauvau. Des images ont été un peu spectaculaires, mais le périmètre traditionnel a été tenu. Les Champs-Élysées étaient protégés avec une présence, mais on n'était pas dans une configuration fermée. Le vrai risque, c'est le déplacement des attaques ; c'est toute la limite du système.
Monsieur Dominati, personne ici ne pense que les actes survenus à l'Arc de Triomphe ne sont pas inqualifiables. Je vous demande de me respecter, au point de ne pas douter du fait que je les considère totalement inqualifiables. J'aurais même apprécié que vous m'épargniez ce doute, car le doute est un mauvais poison. Depuis que je suis aux responsabilités, je pense n'avoir jamais manqué de respect. Le fait que vous ayez pensé et que vous ayez laissé penser cela est un mauvais poison. Je vous le dis, à titre personnel : vous avez dit que je ne mesurais pas le caractère inqualifiable de ces événements, sachez que je le mesure totalement. Je suis fils d'un militaire, qui a servi en Algérie, en Indochine, avec un arrière-grand-père mort pendant la Première Guerre mondiale. Je suis viscéralement attaché à la valeur symbolique de nos forces, en particulier au symbole de la République qu'est l'Arc de Triomphe.
J'ai peut-être osé dire que je ne sacrifierais pas un homme, mais c'est aussi parce que je suis viscéralement attaché à nos forces.